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NOTICE SUR M. DE LEZAY-MAHNÉSU. 36!) cessaient d'exalter les merveilles guerrières de son règne. On.se pressait pour recueillir leurs paroles et, jusque dans les plus humbles chaumières, leurs récits accréditaient l'espoir de son retour, entretenaient une sorte de fermentation nui- sible à la tranquillité. Tout en cherchant a mettre un terme à cet état de choses, il fallait avoir égard à ceux qui le causaient. C'étaient de nobles avenirs, brisés par le désastre de nos armes, de vieux débris des phalanges impériales, condamnés par le licenciement aux loisirs, comme aux misères d'une retraite anticipée. La menace avait peu de prise sur ces rudes mais loyales natures. Pour les pacifier, d'autres armes étaient nécessaires. Ce devaient être, suivant les occasions, des avertissements donnés avec indulgence, des travaux proportionnés à leurs forces, des marques d'in- térêt sincère, ce baume que la connaissance des hommes apprend à verser sur les blessures de l'âme. Enfin, les bureaux de la préfecture retentissaient, à toute heure, de plaintes contre la race des tièdes. On désignait par ce nom cette classe de fonctionnaires dont on n'osait suspecter le royalisme, parce qu'il avait fait ses preuves, mais dont on incriminait la prétendue mollesse. « Ils ne « faisaient pas le mal, s'écriait-on de toutes parts, mais ils le « laissaient faire. » Ces dénonciations s'attaquaient surtout aux fonctionnaires connus par leur attachement à la Charte ; elles les harcelaient, les tenaient dans une appréhension continuelle et finissaient quelquefois par les forcer k la retraite. Le devoir du préfet devait être de protéger ouver- tement des hommes dont le dévouement certain, à ont le royalisme éprouvé faisaient les meilleurs appuis du gouver- nement, comme les meilleurs amis de l'administration. Son plan de conduite arrêté sur ces questions, M. de Lezay dirigea toute son attention vers la partie matérielle. C'est là que, digne émule du marquis Adrien, il résolut de réaliser, 24