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3()0 DES PEINTURES QUI DÉCORENT Les statues, les bas-reliefs, les grandes fresques, les verrières, que nous voyons dans les églises ou dans les châteaux, nous représentent toujours des scènes plus ou moins grandies et poétisées, par ce motif que dans ces grands et nobles édifices les détails doivent participer de la majesté de l'ensemble, sous peine de manquer aux conditions essentielles d'harmonie; on ne saurait admettre, en effet, dans les cathédrales ou les demeures princières, des sujets traités avec une familiarité triviale ou d'un style vulgaire et mesquin : la, tout personnage doit être ennobli ou du moins il doit être vu par son grand, par son beau côté. La pierre et le bronze, d'ailleurs, indépendamment de la place qu'ils occupent, ont aussi leurs exigences ; ils gardent toujours une certaine solennité d'aspect qui s'oppose a la reproduction de détails tropbas ou trop communs; tandis que les livres, consa- crés pour la plupart aux usages privés, ne se trouvent pas, à beaucoup près, dans les mêmes conditions : ils ne sont pas soumis aux mêmes obligations de dignité et de grandeur ; les faits les plus simples de la vie domestique peuvent y être dessinés, sans que le lecteur en soit choqué, sans que le goût en soit blessé. Si les miniaturistes anciens, en décorant avec richesse les marges des Bibles et des Evangiles, ont parfois compris qu'ils devaient élever leur manière à la hauteur des grands sujets religieux, ils se sont mis plus à l'aise dans les livres d'un genre familier, tels que les fabliaux, les bergeries, les romans de chevalerie, etc., où le peintre réaliste a reproduit sans scrupule (quelle que fût la date du sujet historique) les costumes, les meubles, les ustensiles qu'il avait chaque jour sous les yeux, et ces mille petits faits de la vie de famille qui révèlent les mœurs et les usages mieux que ne pourraient le faire de longs récits. Le réalisme est à sa place dans ces livres, et ces détails trop naïfs, qui offense-