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                       EXPOSITION DE 1 8 5 8 .                    343
quinze jours pour achever un paysage au lieu de le finir en une se-
maine, nous serions certainement forcés de l'admirer davantage. Il
possède à un haut degré cet esprit, ce goût dont nous parlions au
début. Ses eaux sont parfaitement réussies et reflètent à s'y mé-
prendre les couleurs des objets qui les environnent. Tous ses
plans sont savamment indiqués, et ses lointains fuient très-bien. Il
aime la lumière et connaît le moyen de s'en servir ; il imite avec
succès cette vapeur bleuâtre qui enveloppe les montagnes vues
au loin, et il a pour animer ses toiles un faire tout poétique.
   Cependant il est trop uniforme ; on dirait qu'il s'efforce de
donner à tous ses paysages le même air de famille; cela tient à
sa trop grande facilité. Ici et là ses cieux ont des lourdeurs,
et quelques-uns de ses nuages sont un peu trop solidement mo-
delés ; il empâte aussi quelquefois, mais il le fait si à propos et
le déguise avec tant d'habileté, que je serais désolé que vous vous
en fussiez aperçu.
   M. Appian est l'antipode de M. Ponthus-Cinier ; autant celui-ci
aime la lumière, autant cet autre la dédaigne. M. Appian dessine
au fusain avec une grande fermeté, mais pourquoi s'obstine-t-il
adonner à sa peinture les teintes sombres de ses dessins?...
Il pousse aussi trop loin l'amour de la ligne horizontale ; ses
avenues d'arbres ont l'air d'avoir été alignés hier par les ci-
seaux d'un jardinier ; ses montagnes manquent d'excavations et
leur silhouette est raide, droite comme une route impériale. On
ne peut pas, cependant, lui refuser une certaine originalité qui
fait oublier sa monotonie ; il entend parfaitement la perspective
et il y a dans ses tableaux beaucoup d'air, à défaut de soleil.
   M. de Kniff est de Bruxelles ; c'est un jeune arrivant plein
d'imagination et de verve ; ceux qui n'ont fait sa connaissance
qu'au salon de Lyon ne seront pas surpris d'apprendre qu'il a'
obtenu une médaille à l'exposition de 1857. La Mare, qu'on peut
placer immédiatement après le Soir en Dombes de M. Viot, si-
non à côté est saisissante de vérité. La toile est grande, mais la
composition est simple ; ce sont quelques vaches chassées par un
pâtre qui descendent une colline pour venir se désaltérer. On sent
qu'on est en plein été, le ciel est chaud, l'air pèse, le feuillage est