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344                   EXPOSITION DE 1 8 5 8 .
et comme tel il aime la nature, il sait l'observer, et il copie en le
poétisant ce qui lui plaît, ce qui l'impressionne dans les pages
de son grand livre. Il est sévère pour lui-même; il ne quitte
son œuvre que lorsqu'il est arrivé â reproduire exactement sa
pensée. Ses aquarelles et ses gouaches sont très recherchées,
et dans les collections de ses admirateurs on le trouve à côté de
Guindrand. Comme sa modestie est égale à son talent, il est resté
jusqu'ici un peintre tout provincial. Sans s'en douter peut-être,
il a fait pour la décentralisation artistique, si à la mode au-
jourd'hui, beaucoup plus que la plupart de ceux qui la prêchent à
 tout propos. C'est à Lyon surtout qu'il jouit d'une réputation in-
 contestable. Mais n'cxposera-t-il jamais à Paris ?... Dans ce cas,
 tant mieux pour ses confrères parisiens ; il n'y "aura de mécon-
 tents que ceux qui, comme nous, seraient heureux de le voir
 réussir là-bas comme ici.
    M. Humbert de Mareste est de Bourg comme M. Viot, et bien
 qu'ils fassent une paire d'amis, on ne risque rien à les classer
 dans un compte-rendu l'un après l'autre. M. Humbert n'a envoyé,
 cette année, qu'une aquarelle qui, il faut le dire, ne produit pas
 au premier coup d'œil un grand effet. C'est un site des Pyrénées,
 grandiose, tourmenté et où le vert domine. Il faut le regarder
 longtemps pour l'apprécier comme il le mérite. Les petites toi-
 tures qui surgissent derrière un accident de terrain font valoir la
 hauteur des montagnes ; peu à peu on s'habitue à cette confu-
  sion, à ce ciel chargé, à cette verdure luxuriante et on rend à
 l'auteur les éloges qui lui sont dûs.
     M. Humbert est un artiste vrai et convaincu ; la nature l'im-
 pressionne très-vivement;... Personne ne lui souhaite autant de
 bien que moi, aussi je voudrais qu'il n'eût que douze cents
 francs de rente; il prendrait alors plus souvent le chemin de son
  atelier et nous fournirait des occasions plus nombreuses de lui
  témoigner nos sympathies.
     M. Ponthus-Cinier a aussi un talent qui nous est très-sympa-
  thique ; c'est un coloriste attrayant, fécond comme Rubens et
  souvent coquet comme Watteau. Il jouit d'une vogue méritée
  mais dont il subit trop volontiers les exigences. S'il demeurait