page suivante »
EXPOSITION DE i 8 5 8 . 343 et je suis sûr d'avance de n'étonner personne... pas même MM. Kniff et Ponthus-Cinier. Si un peintre excelle à reproduire les eaux et à donner à l'ensemble d'un paysage la physionomie qui lui est propre, c'est M. Viot. Dans ses vues du Bugey, il a imité admirablement ces eaux moutonneuses, limpides et vertes que l'Albarine et la Val- serine roulent sur des rochers tour à tour polis et mousseux. Cette année il nous envoie un site de la Dombes, il emporte un succès de plus. La Dombes est un pays plutôt mélancolique que triste , et M. Viot a bien saisi et bien rendu cette différence. De même que M. Flandrin, il ne demande pas trop ses effets à la couleur, et, au premier abord, il ne séduit pas autant que M. Ponthus- Cinier. Mais lorsqu'on l'a étudie on ne sait trop le louer. C'est comme un de ces livres précieux que plus on lit plus on trouve beaux ; comme un de ces hommes rares qu'on estime davantage à mesure qu'on les connaît mieux. Quelle vérité frappante dans tous les détails de cette petite mare qui est sur le premier plan ! Quelle vigueur dans ces troncs d'arbres d'où s'élancent des branches si habilement emmanchées ! Comme le jour s'enfonce dans cet angle de forêt, comme l'air joue à travers le feuillage !... Le peintre a reproduit ce que le poète avait chanté : Le roi brillant du jour, se couchant dans sa gloire, Descend avec lenteur de son char de victoire. Le nuage éclatant qui le cache à nos yeux Conserve en sillons d'or sa trace dans les cieux, Et d'un reflet de pourpre inonde l'étendue, Le soleil va disparaître derrière la douve qui termine l'étang. C'est l'heure du crépuscule. Tout le paysage est plein de ce demi-jour qui est plus difficile a imiter fidèlement que les grands effets de lumières. M. Viot est un artiste fort habile et, ce qui est plus rare, un travailleur patient et consciencieux. On ne peut pas dire qu'il appartienne à cette école plutôt qu'à celle-ci; il est chasseur