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32(ï SAPLES. gnent leurs pieds dans les vagues, et une langue de terre s'é- tend le long du parapet avee des tonnelles et des berceaux de grands citronniers. Parfois aussi, quand l'entrée du ravin est plus large et forme comme une petite vallée, quelques groupes de pauvres maisons s'y dressent et s'allongent en village sur la route ou s'enfoncent entre les hauts rochers. Ainsi Majori, Minori, si renommées pour leurs excellentes oranges, Atrani, patrie de Mazaniello. Les pêcheurs y portent encore le cos- tume pittoresque de cet infortuné roi d'un jour. Les barques sont encore là sur la plage où fut la sienne, et les filets se séchaient au soleil, car la mer agitée ne permettait pas la pê- che ; nous aurions volontiers demandé aux rochers quelques re- frains de la musique d'Aubcr. Amalfi est plus triste qu'une ruine entière. C'est encore la vie, mais une vie caduque, chctive, misérable, la vie végétative, pire que la tombe. Autrefois ses célèbres marchands, rivaux de ceux de Venise, partageaient avec eux le monopole du commerce de l'Orient. Elle eut ses jours de république illustre comme la ville des doges, comme Gênes, comme Pise. Un de ses enfants, Flavio Gioja inventa la boussole, ou du moins la fit connaître à l'Eu- rope ; elle soutint de longues luttes contre les Sarrasins, puis les Pisans portèrent les derniers coups à sa puissance humiliée; la mer ensuite est venue envahir, détruire tous les vestiges de sa grandeur passée. Plus de vaisseaux, plus de quai, plus d'ar- senaux ; une étroite route le long des flots, comme à Atrani, le village des pêcheurs et quelques pauvres barques secouées par la lame ; sa cathédrale seule, dédiée à Saint-André, lui est restée. Le style byzantin y domine ; clic s'élève majestueusement au- dessus de je ne sais combien de marches d'escalier ; en sorte que d'en bas il faut presque renverser la tête en arrière pour l'envi- sager. Ses portes de bronze passent pour être un ouvrage by- zantin de l'an 1000. Elle est ornée à profusion d'incrustations de marbre de couleurs éclatantes et variées. La crypte renferme le corps de saint André, l'apôtre, et elle est d'une grande ri- chesse de marbres. L'ensemble de ce monument a quelque chose d'oriental et de triste qui sied singulièrement au site et au lieu.