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318                          NAPLES.
rappelé nos chers rossignols de France ! De là encore, la vue du
golfe entier, des îles, de la mer, de l'infini ! lieu de délicieux
recueillement, de paix vivante et de poétique prière, où l'on
voudrait vivre, mourir, si la patrie était là ! Portici et ses vastes
jardins, avec leurs calme» ombrages éternellement verts, se tra-
versent sans cesse pour toutes ces courses, et chaque fois l'Å“il
s'émerveille. 11 y a une délicieuse terrasse sur la mer, qu'on
voit de loin en passant, à travers une suite de grands portiques , _
les orangers chargés de leurs pommes d'or, entourent ses blan-
ches colonnades ; à l'heure où la lune se lève dans le ciel dia-
phane , c'est là que les fils de rois doivent venir rêver d'amour.
La route de Pompcï est triste, et, plus on approche plus la tris-
tesse augmente ; le monticule où gît la cité se dessine au loin
comme un gigantesque catafalque semé de champs de lupins-
lilas au printemps, ou de sainfoins aux fleurs d'un rouge sombre ;
ce n'est qu'après avoir gravi cet immense ossuaire d'habitations
qu'on découvre un tiers environ de la ville engloutie ; le linceul
de cendres recouvre encore tout le reste. On entre ; on suit ces
longues rues silencieuses et désertes : on retrouve la trace des
chars, la trace des portes et des pas à l'entrée de chaque de-
meure. L'œil pénètre dans les plus secrets réduits, dans tous les
mystères de la civilisation antique. Le long de ces habitations,
en face de ces temples, de ces édifices publics où la toiture seule
manque, on éprouve une telle illusion qu'il semble voir glisser
parfois des ombres couvertes de tuniques de pourpre, des jeunes
filles soutenant de leurs bras l'amphore gracieuse, et des files de
prêtres et de sacrificateurs, avec la longue robe blanche et les
bandelettes d'or. Mais il est dans le caractère napolitain, si joyeux,
si bouffon même souvent, de désassombrir et d'égayer toute chose.
Au pied de Pompéï, sur la'large route, poudreuse qui conduit de
Torre dell' Annunziata à Nocera, on trouve ce qu'en France on
nommerait un cabaret et ce qui s'appelle là-bas un très-bon res-
 taurant. Devant la cuisine et à son niveau s'étend une galerie
 couverte de vieilles toiles en lambeaux, débris de toutes sortes
de croûtes, baptisées des noms des plus grands samts et saintes
du paradis ; deux buffets étalent une humble vaisselle à ramages