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                              NÀPLES.                           317
payer trop cher ! » — mais en ce cas c'est mille piastres qu'il
fallait demander ! » L'enfant a souri avec une finesse et une sa-
tisfaction témoignant qu'il avait parfaitement conscience de tout
ce que sa réponse avait d'invention, de spirituel à propos.
   Tous les autres environs de Naples, si délicieux ou si inté-
ressants, sont trop connus et trop minutieusement décrits dans
les nombreux itinéraires pour que j'ose en parler avec détail. Nous
avons escaladé les flancs rudes et lugubres du Vésuve, mais sans
trouver à ses pieds, ni vers ses pentes, les palmiers dont un écri-
vain connu de la presse parisienne les a récemment gratifiés
dans un article de Revue. L'ermite si poétisé par Chateaubriand
m'a produit à peu près le même effet que les gardiens du tom-
beau de Virgile. C'est une sorte de frère Tuck, sauf l'hospi-
talité gratis, le pâté de venaison, la bonne aie, la harpe, les
virelais et l'humeur joyeuse ; son Lacryma-Christi ne vaut guère
mieux, au dire de nos compagnons, que le plus piètre vin de
notre France. Nous avons vu, du haut du volcan, le soleil
se coucher dans le golfe, et ce spectacle est un des plus sublimes
qu'un œil humain puisse admirer. L'observatoire situé au pied
du plus haut mamelon, entre deux fleuves de scories et de lave
pétrifiées est fort curieux, et il s'y trouve une machine très-ingé-
nieuse au moyen de laquelle on tâte en quelque sorte le pouls au
Vésuve à chaque instant, et l'on peut annoncer vingt-quatre heures
à l'avance son éruption. Les habitants des hameaux, des villas
disséminés au milieu des vignes, sur les pentes de la montagne
funèbre, dans tous les endroits où quelques grains de terre vé-
gétale ont pu se conserver, ainsi prévenus, ont le temps de fuir;
mais le Vésuve s'affaisse, et les générations à venir ne trouve-
ront un jour qu'un lac calme, profond et pur, comme les lacs
d'Albano ou de Nemi, à la place du terrible cratère. Reposant
nos pieds des cendres et des scories déchirantes , en revenant
nous avons gravi la colline en fleurs sur laquelle est posée le
couvent des Camaldules. Elle est entièrement couverte d'arbres,
et d'arbustes ravissants, tels qu'on les voit dans les bosquets ;
au mois d'avril tout était fleurs et parfums ; des oiseaux aux
chants mélodieux gazouillaient sous ces riants abris et m'ont