page suivante »
302 BANQUET OFFERT r auprès de M. le D de Laprade, si naturellement associé au triomphe de son fils. « Mon cher ami, a dit M. Blanc-Saint-Bonnet, en se tour- nant vers le nouvel académicien : Ce n'est pas seulement une Académie, ici, c'est une cité entière qui rend hommage à votre caractère, à vos vertus, et en même temps à la gloire que vous avez acquise, pour elle, aussi bien que pour vous.... Messieurs, on dit que Louis XIV, entendant Bossuet pour la première fois, envoya complimenter le père de ce qu'il avait un tel fils: dans la même pensée, j'ai l'honneur de proposer un toast k notre vénérable collègue, au docteur Richard de Laprade! » Messieurs, a répondu M. de Laprade le père : Adonné dès ma plus tendre jeunesse k un art que Virgile appelle un peu sévèrement un art muet et sans gloire (1), je n'ai jamais eu le talent de la parole... Comment, aujour- d'hui, dans la profonde émotion que j'éprouve, trouverais-je des expressions k l'égal de mes sentiments ? Permettez-moi donc de vous répéter quelques paroles que je prononçais il y a plus de quarante ans (2), lorsqu'après avoir été votre correspondant pendant dix ans, je fus admis a l'honneur de siéger au milieu de vous : « Né dans un pays uni k la ville « de Lyon par les liens du voisinage, et par des souvenirs « communs de gloire et de malheur, je n'ai pas cru changer « de patrie, en venant dans une cité célèbre, qui déjk m'a- « vait offert d'abondantes sources d'instruction, où bientôt « le suffrage de médecins habiles et le choix d'une admi- « nistration paternelle devait me placer parmi ses citoyens « les plus recommandables (3). L'Académie vient de sanc- « tionner cette sorte d'adoption... » Aujourd'hui, Messieurs, c'est une sanction nouvelle , et mon fils, dans son discours de réception, vous a rappelé avec orgueil que son aïeul aussi avait eu l'honneur de vous appartenir : c'est donc ici, comme l'a si bien dit notre honorable président, une véritable fête de famille ; je suis plus heureux encore, Messieurs, de tous lès (1) Scire potcstules herbarum usumque medendid Maluit, et mutus agitare inglorius artes. JE.NEID XII. (2) Le 28 août 1817. (3) Reçu, au concours, médecin de l'Hôlcl-Dicu, en janvier 18)G.