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                    A M. VICTOR DE LAPRADE,                  303
témoignages de sympathie dont vous nous entourez que de
l'admission de mon fils a l'Académie française. Après donc
vous avoir exprimé toute ma gratitude, je pourrai, désor-
mais, sans regret, entonner le cantique Nunc dimiuis...
   L'Académie a vivement applaudi a ces dignes paroles, et
nous croyons répondre au désir de tous, en consacrant ici
le souvenir d'une des plus belles pages de notre histoire
académique.
   Mais la fête n'était pas terminée. M. le premier président
Gilardin se lève et porte le toast suivant :

           Messieurs,
    Une bonne pensée est venue tout a l'heure à plusieurs de nos
 confrères; je m'en rends l'organe, trop à l'improviste sans
 doute, l'Académie va s'en apercevoir et l'absence de M. Sauzet
 en sera doublement regrettée. Notre réunion est, suivant les
 expressions heureuses de notre digne Président et du vénéra-
 ble M. Richard de Laprade, une fête de la confraternité et de la
 famille; elle est de plus une fête de la poésie, et nous se-
 rions impardonnables d'y oublier le poète le plus ancien de
l'Académie, convive de ce banquet. A une époque où la poésie
 s'anime d'un souffle nouveau d'imagination, d'enthousiasme
 et de foi, lui, par un libre choix, a voulu continuer le passé.
 Il a mieux aimé maintenir, ce qui ne disparaîtra, jamais en
France, les droits de l'esprit et de la grâce. Il a demandé
ses inspirations a une gaieté tempérée, a une sensibilité
douce, k une ironie sans amertume et à un fonds de saine
philosophie. Il a cultivé enfin un genre de poésie fécond en
productions légères et charmantes, où se reconnaissent les
traits naïfs et piquants de la muse gauloise de nos pères et
où se joue, a peine effacé, un reflet des élégances latines de
la muse d'Horace : genre de poésie que je serais tenté d'ap-
peler national, en considérant que c'est celui qui, dans le
monde entier, sans en excepter même le monde de l'anti-
quité, nous assure l'avantage de demeurer sans rivaux. Sous
le bénéfice d'une émotion qui fera excuser ces appréciations
trop imparfaites, je me sens fondé des pouvoirs de l'Acadé-
mie pour porter un toast a notre respectable doyen, a M. de
Montherot, Messieurs ! au noble vieillard que nous entou-