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              NOTICE SUU SI. DK LEZAY-MARNÉSIA.             279

 jours de sa prospérité, avaient semé tant de bien, formé tant
 d'établissements, soutenu, relevé tant d'existences.
    Au milieu de ces tristes préoccupations, ils reprirent, avec
 une ardeur juvénile, l'œuvre de leurs naissantes années,
 aidés en cette tâche par les enfants du. village, leurs anciens
 compagnons, restés fidèles, eux du moins, aux souvenirs
 du premier âge. Ils espéraient trouver dans ce labeur de
 corps quelques instants de tranquillité d'esprit. Mais leur
père, aigri par le malheur, était devenu plus insociable
que jamais. Ses grandes et rares qualités avaient fléchi sous
le poids de l'adVersité, et son despotisme, trait saillant de
son caractère, s'était accru au point de rendre le séjour
 de Saint-Julien intolérable a tous ceux qui l'entouraient.
 Soutenus par la tendresse filiale, ses enfants souffrirent
assez longtemps en silence. Bientôt leur position cessa d'être
tenable. Enfin, un jour, M. deLezay père, à la suite de quel-
ques observations des deux frères, bien simples cependant
et bien respectueuses, mais dans lesquels il crut apercevoir
un parti pris de le contredire, les engagea à s'éloigner de lui.
   Jeunes, fiers, sans expérience, confiants en eux-mêmes,
ils acceptèrent, sans se le faire répéter, l'ostracisme pater-
nel et, dès le lendemain, chargés d'un mince bagage, lestés
de fonds, pour quinze jours a peine, ils sortirent de Saint-
Julien, emportant les regrets de la population, dont leur
présence avait ravivé les bons instincts naturels. Ils s'arrêtè-
rent d'abord dans la petite ville voisine de Saint-Amour.
Mais des considérations puissantes, la diminution de leur
très-léger pécule et la crainte de compromettre les amis qui
les avaient accueillis, les déterminèrent a se rendre, en toute
hâte, a Paris. Malgré les périls que pouvait leur faire courir
alors un pareil séjour, ils comptaient y trouver plus de
chances d'avenir au retour du calme, qui devait être pro-
chain suivant leurs calculs.




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