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EXPOSITION DE 1858. 243 voulu l'imiter. Il ne dessine pas mal un sabot, il cabosse un chaudron avec goût et froisse gentiment une serviette. Pour- tant on voit trop que tous ces ustensiles de cuisine ont été ame- nés là et arrangés d'avance pour produire le plus d'effet possible. Son effet est trouvé ; les rayons de la lampe frappent habilement et d'une manière différente le cuivre, le bois, la toile; mais nous n'aimons pas M. Pinart quand il aborde les formes humaines. On ne peut dire cela à M. Van Schendel ; ses détails sont exécutés avec beaucoup de finesse ; ses personnages sont vrais et parlants. M. Pinart, lui, dirige une lumière vive sur une surface opaque et polie, propre à la réfléchir avec force. M. Van Schendel l'envoie sur des objets sombres qui la décomposent et l'absorbent, et for- cent son pinceau à chercher une gradation de tons qui demande une grande pratique. On voit que M. Bellet-Dupoisat a appris à dessiner chez M. Flandrin, et chez M. Drolling à poser hardiment un person- nage ; mais, entre nous, je le soupçonne d'avoir fait quelquefois l'école buissonnière dans l'atelier de M. Cogniet. Il a l'imagina- tion chaude e t , en voulant peindre comme il imagine, il abuse de la couleur de brique. Il donne à ses chairs des tons impossi- bles , et de la monotonie à l'ensemble de ses compositions. Je louerais beaucoup ses trois Bohémiens, si la couleur en était vraisemblable. Les Bohémiens sor.t brûlés par le soleil; soit; mais on en rencontre peu dont le visage et les jambes soient rou- ges à ce point. On dirait que ceux de M. Bellet-Dupoisat descen- dent de ce char où Thespis fut le premier qui , barbouillé de lie, Promena dans les bourgs l'heureuse folie que vous savez. Celui des Bohémiens qui dort, appuyé contre un rocher, a une attitude très-bien trouvée et qui ne sent pas la manière. Il ne faut que mentionner la Fuite après le meurtre et la Tête de saint Jean Baptiste auxquelles on doit préférer la Conduite des compagnons charpentiers. Il y a dans ce dernier tableau de la vérité et de la verve ; ces robustes gars