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236 EXPOSITION DE 18S8. n'a pas tout à fait tort de se cramponner de sa plus grande main au rebord dé la table ; car, comme la scène se passe en plein air, s'il arrivait un fort coup de vent, il emporterait la draperie, et ne laisserait rien du Pharisien que la tête. Mariez agréablement la couleur et le dessin, nous vous applaudirons ; mais que sous vos draperies on devine des os et de la chair. On peut faire ce reproche à M. Norblin qui abuse trop volon- tiers des trésors de sa palette. Ses personnages posent comme dans l'atelier, et il les habille de toutes les nuances connues : le vert-tendre et foncé, le jaune, le bleu, le rouge se disputent fastueusement les regards. Les étalages des magasins de la Ville de Lyon ne sont pas plus splendides. Un peu moins de recherche et d'éclat présidaient, croyons-nous, à la toilette de ces gens simples à qui Jésus disait ce que M. Norblin a tenté de nous re- présenter : « Je vous le dis, en vérité, quiconque ne recevra point le royaume de Dieu comme un enfant, n'y entrera point. » Cependant, le torse de l'enfant vu de dos est peint de manière à faire croire que M. Norblin plairait davantage s'il cherchait moins à harmoniser entre elles une grande variété de couleurs. Il y a plus de sentiment dans le Christ consolateur de M. Gué, de Bordeaux ; la situation est mieux comprise et la mise en scène plus simple ; il y a une expression de véritable souffrance sur la figure de la femme que le Christ vient consoler. Je voudrais trouver dans la Vierge de M. Houry moins de r a i - deur et l'expression de la douleur plutôt que celle de l'extase. Son Christ étendu au pied de la croix n'a rien de beau ; le divin Sauveur a dû conserver pendan'c sa mort une sorte de beauté cé- leste ; les muscles du bras droit ressortent trop ; mais il nous a semblé, — car il est placé très-haut, — que la lumière éclairait avec habileté la poitrine énergiquement teintée. Le Befugiumpec- catorumdeM. Legras ; se recommande par une harmonie bien sou- tenue, une délicatesse de tons qui attirent et retiennent les re- gards. Les contours sont peut-être indiqués avec mollesse, le co- loris est peut-être un peu rose et froid, mais il y a de la souplesse, de l'abandon dans tous les mouvements, ses draperies sont arran- gées avec un goût parfait et la tête de saTYerge est charmante. Ceux