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                        EXPOSITION DE 1 8 5 8 .                   23S
  serait point étonnant que cette œuvre consciencieuse fût encore
  aujourd'hui dans l'atelier du peintre; mais de quoi se plain-
  drait-il ? La Sortie du bal masqué, de M. Gérome, pour ne citer
  qu'un exemple, n'a-t-elle pas été vendue vingt mille francs ?
    la peinture religieuse peut, à la rigueur, nous amener à parler
  de M. Frenet ; son procès nous défend de l'oublier. Nous n'avons
  point vu ses fresques dans l'église d'Ainay, mais nous avons exa-
 miné ses cartons avec soin. Chacun sait que la fresque ne supporte
 pas de retouche, et qu'il faut être bien sûr de son dessin avant de
 le reproduire définitivement ; les cartons exposés au Salon doi-
 vent donc nous donner, — moins la couleur, — une idée exacte
 de ce que furent les peintures murales de M. Frenet.
    L'artiste a bien choisi ses scènes religieuses ; cependant il n'a
 pas su les animer. Je ne dirai rien de la façon dont il dessine les
 mains et les pieds, mais je ferai remarquer qu'il s'est peut-être
 trop préoccupé du lieu où ses fresques devaient être conservées.
 Il avait à décorer un monument du XIIe siècle, et il s'est efforcé
 d'imiter l'austérité de conception, la raideur dans les poses, la
 sécheresse de contours qui caractérisent le style byzantin. Je le
 soupçonne fort aussi d'avoir trop étudié son compatriote, M. Orsel,
 dont il a exagéré le faire géométrique. On m'a dit que les fres-
 ques de M. Frenet se recommandaient surtout par la couleur ;
je n'ai pas mieux demandé que de le croire, et pour me consoler
 de la disgrâce de M. Frenet, je suis allé voir les peintures de M. H.
 Flandrin.
    M. Barrias est un grand prix de Rome, et l'un des très-nom-
breux élèves de M. Léon Cogniet. Comme son maître, M. Barrias
cherche à faire accorder le dessin "et la couleur. Son tableau du
Christ chesles Pharisiens ne manque ni de mouvement, ni d'unité:
mais ce que je ne lui pardonne pas, c'est le pied de son Christ.
Les raccourcis, on le sait, sont une des graves difficultés de la
peinture ; les pieds et les mains demandent un talent très exercé.
Mais cela n'excuse pas ce pied informe qui choque de prime-abord
l'attention des spectateurs. Le groupe des Apôtres est assez har-
monieux ; la tête de la femme agenouillée sur le premier plan,
ne perdrait rien à être plus finie ; son Pharisien, si bien drapé,