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                              A VOL D'OISEAU.                        205
    vient se briser contre une roche à pic élevée de quelque cent
    mètres ; masse prodigieuse à étudier, dont les cristaux de basaltes
    vus à distance, jouent, par leur disposition régulière et contour-
    née, l'effet d'immenses hachures qu'aurait tracées la main d'un
    artiste géant sur cette page monstre. Au centre du bassin surgit,
    en contraste de proportions, une miniature de Châtelet, qu'on
    prendrait, sur son étroite base, pour un long couloir de galerie.
       Nous ne franchirons point l'impasse, voulant borner ces péré-
    grinations, à partir de Langeac, aux sites que le touriste bon
(    marcheur peut visiter en un seul jour. On redescend la rive par
    des chemins coupés, déplacés annuellement au caprice dés inon-
    dations ; chemins sans nuls rapports avec l'administration des
    routes, et vierges de tout sillon tracé par un véhicule quelconque.
    Pour les produits arrachés au sol de ces recoins perdus, le rude
    travailleur n'a d'autres moyens de transport que sa hotte, ou le
    bât des mules providentiellement organisées pour escalader par-
    tout d'un pied sûr.
       Entre Saint-Arcons et Prades, Saint-Julien-des-Chazes sera
    notre dernière station. Là fut un riche monastère exclusivement
    réservé aux demoiselles de haute noblesse. Toutes n'y venaient
    pas, comme on sait, conduites par une grande vocation et le
    renoncement aux joies terrestres. Aussi, ne pouvant aller aux
    plaisirs de la vie, ces jeunes et belles recluses les appelaient, dit
    la chronique, au sein de leur pieuse retraite ; plus d'une fois le
    vent des passions mondaines souffla sur cet asile du repos et de la
    pénitence. La dispersion des couvents ouvrit ses portes, en 4790.
    Les parties actuellement existantes, confondues avec les maisons
    du village, n'offrent plus rien de caractérisé.
       Il faut passer, au moyen d'un bac, de la rive gauche à la droite
    pour trouver debout l'un des vieux types de l'art chrétien. Suivez
    le sentier à peine praticable entre les aspérités du bord, il vous
    amènera vers un enfoncement semi-circulaire, dont la corde est
    formée par l'Allier. Dans cet étroit espace isolé des regards et
    sans vestige aucun d'habitation, se cache, abandonnée, une petite
    église dont l'âge doit remonter à la période romane primordiale.
    On en juge à l'intérieur par quelques fragments de peinture Ã