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204 LA HAUTE-LOIRE Jacques Ollier, qui, en 1642, créait la pépinière ecclésiastique de Saint-Sulpice. L'église, restaurée en style ogival, conserve dans l'abside quelques indices de roman primitif. Le monastère, plus moderne, existe aujourd'hui presque entier. Ou y garde une vénérable relique méritant à elle seule le voyage : c'est le manteau sacerdotal du saint fondateur. Une fois par année, le jour de la saint Pierre, le curé l'exhibe respectueusement pour officier. Et il ne sagit pas, comme on pourrait le croire, d'un objet apocryphe présenté à la vénération sans autre garantie qu'une tradition pieuse. Ici le contrôle de la science archéologique est en parfait accord avec la légende. Ce pluvial ou chape, en soie verte à dessins orange, dénote très-certainement par sa texture et ses motifs d'or- nementation une origine orientale. On y reconnaît l'un des types, si rares aujourd'hui dans leur entier, de ces tissus bysantins qu'importaient, lors des premières croisades, nos aïeux ignorants encore le luxe des étoffes en soie ; tissus qui ont exercé plus tard une influence incontestable sur nos arts indigènes. Je ne saurais mieux le comparer pour la forme, coïncidence un peu singulière mais vraie, qu'au mantelet algérien récemment adopte par les dames. C'est la même coupe, la même exiguïté du capuchon sans usage possible. Revenons sur l'Allier. J'ai pu négliger, en décrivant Chanteuges, les colonades prismatiques sur lesquelles il repose de ce côté ; c'est qu'un peu plus haut, en face de Saint-Arcons, se dresse la merveille du genre, la chaussée des géants, coulée de basalte aux proportions colossales. Un savant géologue, que les hasards de l'émigration avaient lait cosmopolite et professeur à l'école polytechnique de Saint-Pétersbourg, M*** y demeura un jour en contemplation durant huit heures, oubliant le boire et le manger. Dans ses voyages il n'avait, disait-il, rien admiré d'aussi majes- tueusement grandiose. Encore une heure de marche environ et vous retrouvez à Prades quelque chose d'analogue en fait d'aspect eyclopéen. Au confluent de l'Allier et de la Seuge, l'errosion des eaux a creusé profondé- ment en rond comme une espèce de cirque, où le flot tumultueux