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PAR LA DÉPOPULATION DES CAMPAGNES. 187 En vain aussi voudrait-on opposer l'exemple de l'Angle- terre, où tant de richesses semblent se développer avec et par les grands centres de population. Nous ne rechercherons point si, en Angleterre, comme on s'accorde à le dire, les travaux des villes ne servent pas essentiellement a faire fructifier les campagnes, et si, sous cette influence, a la différence de ce qui se passe chez nous, le flot de la population rurale ne monte pas toujours progres- sivement et parallèlement avec le flot de la population urbaine. Ce que nous savons, c'est que, dans ce pays, les grands centres de population subissent leur inévitable loi de des- truction comme partout ailleurs, comme partout où l'agglo- mération est portée a un excès qui semble faire des villes un réduit où les hommes sont entassés comme un troupeau. « Les grandes cités, disait l'un des organes de la presse anglaise les plus répandus en Europe (1), s'élèvent comme la flamme et ne cessent de tendre à un abîme de grandeur. Mais d'un autre côté quel abîme, quelle fondrière de déses- poir en bas ! Tout ce qui est faible et vil, aussi bien que tout ce qui est grand et noble, s'y donne rendez-vous; ce sont les égouts du pays ; quiconque ne peut garder sa posi- tion et se voit chassé de la maison où il est né, quiconque fuit la lumière, s'y réfugie. La, les foules rassemblées suivent une loi terrible, la loi d'abandon et d'isolement. Pour toute tendance ascendante de notre nature, nous y trouvons une tendance h l'abaissement.... Sans la mortalité qui y règne, la misère s'y multiplierait bien d'avantage. Les morts et non pas les vivants, indiquent au vrai les nombres de la population. » Qu'on n'oppose pas non plus l'accroissement prodigieux des villes de l'Amérique ? En Amérique , en dehors de (1) LcTimas, 9 novembre 1844.