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CONCERT DE MM. LUBECK, LINDAU ET PONTET. Samedi 9 janvier, a eu lieu, dans la salle ds la Société philhar- monique, le concert annuel de l'œuvre du Travail de Marie. Dire que MM. Pontet, Viereck, Gros et Chabrier s'y sont fait entendre, c'est enregistrer un succès de plus pour cet admirable quatuor. Mais ce qui a donné à cette séance un éclat inaccoutumé, c'est la présence de deux artistes éminents, venus de Paris expres- sément pour ce concert ; je veux parler de M. Ernest Lubeck, et de M. Richard Lindau. M. Ernest Lubeck est un pianiste sans rival pour la netteté du jeu, la technique de doigté, la souplesse de la main, la pureté des pianissimo et la force du son; à ces qualités M. Lubeck unit un sentiment exquis des nuances, de l'ampleur sans affec- tation, de la douceur sans monotonie, et, quand il le faut, beaucoup d'élan, de feu et d'entraînement. On voit par là que M. Lubeck remplit toutes les conditions nécessaires pour jouer parfaitement la musique classique, aussi a-t-il exécute avec une rare perfection le trio en ut mineur de Mendelsohn, et l'air varié de Hœndel. Dans ses propres compositions, M. Lubeck s'est montré sous un jour encore plus favorable et sa romance sans paroles ainsi que sa tarentelle et sa fantaisie, ont littéralement enlevé l'auditoire. M. Lindau a une voix douce, pleine et sympathique ; il a chanté le Lac, de Niedermeyer et quelques mélodies de Schubert, et rarement si belle musique a été si bien interprétée ; M. Lindau chante avec une grande simplicité, sans emphase et c'est juste- ment à cause de la vérité de sentiment qu'il met dans son chant, qu'il produit toujours umeffet irrésistible. Puisque je parle du succès de ces artistes, je dois rappeler la matinée musicale du lendemain donnée par M. Pontet, et qui a, en quelque sorte, confirmé Je résultat flatteur de la veille. Ces Messieurs ont été reçus par le public comme de vieilles connais- sances et ils ont fait voir qu'ils méritaient l'intérêt qu'on leur portait. A ce propos, parlons de M. Pontet, qui ne vient pas de loin, mais qui n'en vaut pas moins pour cela ; M. Pontet a exécuté la sonate de Beethoven d'une manière splendide et s'est placé l'égal des deux artistes qui l'ont secondé; d'ailleurs l'empressement avec lequel MM. Lubeck et Lindau ont répondu à l'appel de M. Pontet, prouve que du premier coup d'œil ils l'ont apprécié à sa juste valeur et qu'ils ont reconnu en lui un homme de cœur el de talent. Emile GUIMET.