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              LA QUARANTAINE.



   Cette eau-forte que la Revue offre à ses lecteurs, devient
aujourd'hui un souvenir plein d'à-propos. Elle représente un
des abords pittoresques, de notre ancienne ville. Hélas ! ces
bords de la Saône, si aimés des arlisles et des rêveurs, rianls
comme une églogue, aux lignes accidentées, aux tons harmo-
nieux, que sont-ils devenus, livrés aux envahissements pro-
saïques de l'industrie? On démolit ces belles fabriques, on a
vulgarisé les Etroits. Ce n'est plus qu'un chemin vicinal
classé par un numéro d'ordre, macadamisé et qui n'inspirerait
pas, tel qu'il est, la description deJ. J. Rousseau. Les rossi-
gnols se sont enfuis, chassés par le bruit discordant des
machines, leur fumée nauséabonde voile l'azur du ciel et les
émanations chimiques ont terni les vives couleurs des bosquets.
Oh! qu'il est mort au bon moment notre grand paysagiste
Grobon qui affectionnait cette terre privilégiée i heureux
trépas ! Il n'a pas vu le pont tubulaire et sa colline éventrée.
Encore quelques coups de pioche et de marteau, encore quel-
ques années de progrès et le débordement de l'ardoise et du
moellon sera complet; les balmes seront nivelées, les débris
des grolles serviront à remblayer les quais ; les tourelles de
Choulans, dernier et ravissant vestige du temps passé, s'écrou-
leront pour faire place à quelque collage à l'anglaise. Ce sera
beau et correct comme notre civilisation positive sans cœur et
sans avenir.
   En 1474, Jacques Caille, d'une famille illustre dans nos
fastes consulaires, père de Jean Caille, podesta de Milan
pour le roi de France, et sa femme Huguelte Balarin ache-
tèrent du prieur de Saint-Irénée la chapelle de Saint-Laurent-
des~Fignes située en cet endroit pour y recueillir les pestiférés.
Le Chapitre de Saint-Jean et les Confréries de la ville contri-
buèrent par leurs largesses à l'établissement et à l'entretien
de celte maison de charité. Le Saint-Siège accorda des indul-