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140 LITTÉRATURE MÉDICALE. base qu'il publie avec M. Bussemaker. Il ne s'est pas con- tenté de dépouiller les manuscrits de la Bibliothèque natio- nale de Paris ; il est encore allé sur les lieux consulter ceux des principales bibliothèques d'Angleterre , de Belgique , • d'Allemagne et d'Italie ; il en a rapporté une moisson abon- dante de précieuses leçons. Je voudrais donc que ses longs travaux sur le texte de Galien (14) ne fussent pas perdus pour la science, et qu'il en fît profiter le public , en réalisant l'es- poir qu'il avait de faire entrer le médecin de Pergame dans sa collection des médecins grecs et latins, (voyez Plan, 1851, p. 26), espoir dont il a récemment encore renouvelé l'assu- rance (Galien , 1854, t. 1 , Préface). Il n'a certainement pas levé toutes les difficultés ni tous les doutes ; eh ! qui pour- rait se flatter de le faire ? Mais ses efforts n'ont point été stériles. Répétons-le , dans un livre de science venu de l'an- tiquité , le plus difficile n'est pas simplement de traduire , mais de se rendre un compte exact du fond même des choses, en confrontant le présent avec le passé. Or, non seulement on est loin de trouver toujours tous nos termes techniques dans les dictionnaires , mais encore les mêmes mots ne dé- signent plus les mêmes choses , et souvent même les mots manquent. Ajoutez a cela les obscurités qui proviennent de la différence des doctrines et des locutions ou des procédés d'une science qui s'est transformée. L'anatomie elle-même peut être prise pour exemple: les points obscurs des des- criptions de Galien n'ont pas été élucidés par les anatomistes de la Renaissance, et parfois on ignore encore de quelle dis- position organique il veut parler. Quel est l'animal qui lui a servi de modèle et de type ? c'est un objet d'étude : Cuvier et de Blainville sont d'avis qu'il a disséqué des singes et (14) Ecoulons un juge compétent : « A la vérité , dit M. Litlré, M. Da- remberg n'est pas tenu (comme il le sera si jamais il public une édition grecque de Galien ) de publier un texte purgé, autant que faire se peut, des fautes et des incorrections qui le déparent ; mais il est tenu , comme traducteur , de le faire comprendre et lire. On voit tout de suite par quels intermédiaires il lui a fallu passer; il a dû prendre connaissance des ma- nuscrits de Galien, déterminer quels sont les meilleurs , s'adresser à ceux là dans le3cas où il rencontrait un passage douteux, obscur, inintelligible ; comparer les leçons , refaire à par soi le texte, et quand les manuscrits ne lui fournissaient aucune lumière , essayer, à l'aide de la familiarité qu'il a avec Galien , à l'aide du savoir général qu'il possède sur l'antiquité mé- dicale , à l'aide de la conjecture , de suppléer à ce qui manquait. Voilà quel travail préliminaire lui était imposé avant qu'il mît la main à la plume. »