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                              LE PÈRE DE LA CHAIZE.                       59
réprimer ses tendances quiétistes ou jansénistes, ou pour d'au-
tres causes encore, ainsi que nous le verrons en son lieu,
Mme de Maintenon est au sommet de la faveur, elle est toute
puissante sur l'esprit du Roi, elle est presque reine (4).
   Est-ce à de semblables traits qu'on pourrait reconnaître le
prêtre timide de Duclos ?
   Mais un des plus précieux témoignages que nous ait fourni
l'Histoire sur le P. de la Chaize est, sans contredit, celui du mi-
nistre Jurieu, alors exilé et dont les violences de langage n'ont
jamais été surpassées. Après avoir examiné tour à tour quels peu-
vent avoir été les promoteurs de la révocation de l'Edit de Nan-
tes (2), et des mesures plus ou moins arbitraires qui la précédè-
rent ; il commence par mettre entièrement hors de cause le
confesseur. Puis, par une inconséquence qui n'est pas surpre-

   (1) Voici comment s'exprime M. Crétineau-Joly sur le compte du P. de
la Chaize. Le lecteur ne lira pas ce portrait sans intérêt.
   « Le Père de la Chaize , par la longue influence qu'il exerça sur
Louis XIV est devenu un personnage au milieu même des célébrités de
tout genre qui entouraient le Irône. Il a pris part aux événements de ce
règne, il en a conseillé, dirigé quelqnes-uns : on l'accusa d'en avoir inspi-
ré plusieurs. Son nom est si intimement lié à l'Histoire du XVII e siècle en
France que des auteurs mal renseignés ou peu exacts ont voulu le mêler
aux intrigues de la cour lors même qu'il résidait à Lyon. »
   C'était, ajoute-t-il, un de ces hommes que des études, que des goûts
paisibles avaient rendu modéré, et dont le caractère ainsi que le tempéra-
ment ne se seraient pas accommodés de la vivacité des luttes religieuses et
politiques. Sans ambition personnelle, sans faste, il se résignait au pouvoir
par obéissance. 11 avait puisé à l'école des Jésuites une piété sincère qui
n'excluait ni l'enjouement ni cette espèce de sybaritisme intellectuel qu'un
bonheur trop uniforme communique si vite. Il aimait les arts et les gens
de lettres ; l'entretien des savants était un de ses plus doux plaisirs ; el,
par la beauté de sa physionomie, comme par l'élégance de ses manières, il
semblait fait pour tenirune place distinguée même auprès de Louis XIV. » (*)
   (2) L'Esprit de M. Arnaud, t. u°, p. 266, 267 et 268. A Deventer, chez
les héritiers de Jean Colombius.

  (') Crétineau-Joly, HIST, DE !.* COMPAGSIE DE JÉSUS, t iv, p, "SSS-.