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60                   LE PÈRE DE LA CHAIZE.
nante de sa part, il conclut à le croire l'instigateur des actes de
violence qui la suivirent.
   « Il semble donc, dit Jurieu, p. 268, que tout le fardeau va
retomber sur le P. La Chaize. Mais, en vérité, il n'est pas plus
coupable qu'un autre. Il est vrai qu'il est d'une ^Société qui est
naturellement nostre mortelle ennemie, et qui nous fait la
guerre partout où elle peut, sans espargner ni le fer, ni le feu ,
ni le sang. Mais on n'a pas remarqué, qu'il fust des eschauffés ,
qui establissent leur principale gloire dans un certain faux zèle
turbulent, impétueux, sanguinaire et violent. Avant son avance-
ment il estoit honneste, il aimait les curieux et les curiosités, ils
n'estoit point persécuteur. Dans ses liaisons, il n'avait aucun
esgard à la Religion. Cela paroist par le commerce qu'il a tou-
jours eu avec plusieurs sçavants et curieux Protestants, entr'au-
tres avec M. Spon. Il n'avait alors aucun interest de dissimuler
ses sentiments ; et si son aversion pour les Réformés eust esté
aussi violente, que la persécution qu'il leur fait aujourd'hui, il
en eust paru quelque chose. Ainsi, ce serait se tromper très-fort
que de s'imaginer que c'est lui qui a inspiré au Roi le dessein de
nous perdre. »
   « D'où peut donc venir ce dessein ? » ajoute Jurieu, et il sou-
tient aveuglément que le Roi dans toutes ses décisions à l'égard
des réformé» n'a pris conseil que de lui-même.

   Il convient maintenant de jeter les yeux sur un des événe-
ments les plus considérables qu'amena l'acte de révocation. Nous
voulons parler de l'émigration des Calvinistes. Cette question, en
ce qui touche le nombre des émigrés, a été fort débattue, e t ,
au point de vue industriel, elle a été envisagée par plusieurs
historiens comme une des plus grandes calamités du siècle de
Louis XIV. Examinons ce qu'il peut y avoir de plus ou moins
fondé et dans les chiffres qu'ils ont fournis et dans leurs opinions
économiques. On sait que, malgré les ordres qui interdisaient
aux protestants, sous les peines les plus sévères, de quitter le
royaume, et que malgré la surveillance incessante des troupes
et des agents du pouvoir placés aux frontières, l'émigration de-