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CORRESPONDANCE. 499
C'est dans l'Esquisse du progrès de la médecine opératoire
au XIXe siècle, discours prononcé par M. Barrier le 29 décembre
1849, lors de son installation au poste éminent qu'il occupe,
que se trouve l'hommage rendu à la mémoire de Lisfranc.
L'esquisse de M. Barrier est, sous tous les rapports, une
Å“uvre remarquable ; et on nous pardonnera de dire incidemment
qu'elle nous a semblé bien propre à réconcilier la médecine et la
chirurgie, si longtemps ennemies au grand Hôtel-Dieu de Lyon,
où il fut môme question, à une époque déjà reculée, de sacrifier
l'une à l'autre par une subordination très^vivement sollicitée.
Après avoir combattu cette pensée qui a régné assez long-
temps , qu'il faut naître opérateur comme on naît médecin,
M. Barrier écrit :
« Il appartenait à l'une de nos plus grandes illustrations chi-
rurgicales de dissiper ces vieux préjugés. Déjà l'enseignement des
Desault, des Sabatier, des Boyer s'était fait remarquer par la
simplicité, la clarté et l'ordre méthodique, celui de Dupuytren
et de Roux par la netteté et l'élégance ; — mais il appartenait Ã
Lisfranc d'y apporter un caractère d'exactitude et de précision
inconnu avant lui et qui a donné à sa méthode un cachet d'origi-
nalité et de supériorité incontestable. — On peut le proclamer
hautement, nul n'a fait plus que ce grand opérateur, au xixe siè-
cle , pour les progrès de la médecine opératoire ; lui seul dans
cette branche de l'art a eu la gloire de faire école; lui seul
a su ériger en principes des règles isolées dont l'application
partielle était connue, mais non encore généralisée ; plus
que tout autre, il a su, des connaissances anatomiques,
tirer des indications d'une rigueur presque mathématique,
trouver dans des aperçus ingénieux la source de nombreu-
ses et utiles modifications, et enfin puiser dans son propre
génie l'invention de nouveaux procédés opératoires, la plupart
destinés à rester dans la pratique. Tous ceux qui ont pu suivre
les leçons de cet habile professeur, répéter sous ses yeux les
manœuvres opératoires de l'amphithéâtre, le voir appliquer sur
le vivant ses préceptes et ses procédés ne tardaient pas Ã
reconnaître en lui les hautes qualités d'un grand maître ; et l'af-