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MARIE PETIT-JEAN. 463
sa vénérable tante était supérieure générale. Enfin, plusieurs
tableaux de chevalet, envoyés aux expositions ouvertes par les
villes de Lille, en 1825, de Douai, en 1827, et de Cambrai, en
1830, qui lui valurent des lettres flatteuses et des médailles
d'argent de ces diverses villes. En voici les sujets : le Triste re-
tour de la nourrice, la Leçon de Catéchisme (acheté par la ville
de Douai), les Premiers exploits d'un chasseur (acquis par
M. le Maire pour le musée de Lyon), Jeunes Savoyardes endor-
mies sur la lisière d'un bois (ce charmant tableau, l'une de ses
meilleures productions, appartient à son mari).
Tant d'encouragements, tant de succès devaient naturelle-
ment exciter son émulation , et lui donner le désir d'en obtenir
de nouveaux.
Au moment où elle préméditait d'agrandir son talent par des
études sérieuses, au moment où son âme d'artiste rêvait de fu-
turs triomphes, Dieu, qui meta côté des joies de ce monde les
douleurs qui doivent nous en détacher pour nous ramener à lui,
fit surgir en elle le germe d'une de ces cruelles maladies , déses-
poir et honte de la décevante médecine... Deux ans d'affreuses
souffrances vinrent briser cette vie, si dignement commencée
Le 12 novembre 1832, Marie Petit-Jean s'endormait dans le
sein du Seigneur, laissant une famille et des amis dont l'éternelle
douleur forme le plus éloquent panégyrique de ses vertus privées.
Dans les courtes trêves que lui laissait la souffrance, et lorsque
l'espérance venait rafraîchir son cœur, que de beaux projets,
hélas ! ne formait pas sa vive et sensible imagination ! On voyait
alors ses facultés intellectuelles centupler, comme pour suppléer
au temps qui allait manquer à leur noble développement. Nous
en appelons à ceux qui eurent le bonheur de l'approcher ; nous
en avons pour preuve les quelques précieux croquis que ces heu-
res virent éclore sous son crayon spirituel et facile...
Femme de bien et de haute intelligence, dors en paix ! Tes
amis conservent le souvenir de tes vertus , et les œuvres de ton
talent n'ont pas besoin du secours de notre plume pour sauver
ton nom de l'oubli.
UNE CONTEMPORAINE , SON ÉLÈVE.