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446 LE MARQUIS DE COULANGES. Coulanges avait une figure et un esprit agréables, une conver- sation remplie de traits vifs et brillants, et ce style lui était si naturel, que l'abbé Gobelin dit, après une confession générale qu'elle lui avait faite : Chaque péché de cette dame est une épi- gramme. Personne, en effet, après Madame de Cornuel, n'a dit plus de bons mots que Madame de Coulanges. Nous pourrions ajouter que ce fut aussi une dame galante, et que son mari aurait pu figurer parmi les saints qu'a célébrés liussi. Toutefois, Madame de Sévigné, fort indulgente sur ce point, trouva, comme on le sait, en Madame de Coulanges, la plus fidèle et la plus tendre amie. Dans le voyage qu'elle fit à Grignan, en 1672, elle passa par Lyon, et s'y arrêta pendant trois jours (du 25 au 29 juillet); et, ces trois jours, elle les donna à Madame de Coulanges, qui était venue à Lyon pour assister au mariage de sa sœur avec son cousin issu de germain, Louis Dugué-Bagnols, qui fut ensuite intendant de Flandres (1). M. de Coulanges, qui n'avait pas pu accompagner sa femme, ne tarda guère à la rejoindre, mais, avant de quitter Paris, il lui adressa ce couplet : Sur l'air de l'Adieu de Cadmus. Je vais partir, belle Coulange ; Je vais incessamment vous adorer, mon ange : Malgré toul l'ennui qui m'attend , Je vais vous réjouir ou m'ennuyer moi-même ; Mais enfin je serai près de l'objet que j'aime , C'est assez pour vivre content. Madame de Coulanges répondit sur le même air : Ab! mon cber, pourquoi venez-vous? Pourquoi venir chercher une vie ennuyeuse? Eh ! que peut voire humeur joyeuse Contre les chagrins de chez nous? Voyez à quel malheur voire amour vous engage : Renoncez à votre voyage ; Ah! mon cher, pourquoi venez-vous? (1). Voyez Walckenaer, tUm. sur Sévigné, 4 e partie, p. 197, et 5 e partie, p. 362-7.