Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
408               DISCOURS DE M. l'ABAREAU.
aurait ébranlé la foi dans l'avenir littéraire de leurs nouvelles
études.
   Non ! leurs maîtres ne les convient pas imprudemment à suivre
des voies nouvelles.
   Les sciences auront encore des historiens qui écriront avec l'élé-
gance etl'élévation de style des Butîon, des Cuvier, des Laplace.
   Les médecins , ces hommes de science et de charité, qui, les
premiers, ont fait entendre un cri d'alarme, ne seront pas déshé-
rités de l'éloquence qui attire au pied de leurs chaires une jeu-
nesse avide de savoir, ni de la littérature du cœur, baume le plus
sjrlutaire des souffrances humaines ; ils pourront rester les dis-
ciples des leçons que leurs devanciers leur ont transmises dans
l'idiome latin, cette langue sacrée de l'église et de la prière, qui
fut longtemps celle de la science et des grandes œuvres médicales.
    Dans la difficile étude des langues, qui, à elle seule, formait
presque tout l'enseignement des écoles, les esprits philosophiques
saisissent deux périodes bien distinctes, celle de la mémoire et
celle de l'intelligence.
    Dans la première période, on apprend, par des efforts de
mémoire et à l'aide du temps, les vocabulaires des langues, dont
la richesse est si désespérante pour le jeune âge ; les feuilles
 éparses, détachées par un long usage des dictionnaires et des
 grammaires classiques, attestaient suffisamment la durée qu'il
 était nécessaire d'accorder à ces premiers labeurs, et rien n'a été
 distrait du temps qui leur était consacré. Les élèves des sciences
 et ceux des lettres continueront de s'asseoir aux mêmes tables de
 travail, pendant les cinq premières années des études.
    Après ces premiers efforts dont la mémoire et le temps font
 presque tous les frais, le dictionnaire n'est plus aussi fréquem-
 ment consulté ; il s'agit alors de choisir, parmi les mots d'ac-
 ceptions si variées dont se composent les langues, ceux qui ren-
 rlent les idées avec le plus de fidélité et d'élégance. 11 faut,
 -urtout, comprendre les pensées que l'on veut décorer d'une pa-
 mre littéraire ; et, à cette phase de l'enseignement, commence
  ians les écoles un nouveau travail de l'esprit, l'apprentissage
 de l'art de penser.