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354 HISTOIRE DE LA VILLE La seconde commission était relative à l'assistance publique. Le ministère de l'intérieur en a publié les travaux en deux vo- lumes in-4°, et le second contient, colligés par M. Smith, tous les documents français et étrangers sur la législation des enfants trouvés. Trévoux a été, pendant plusieurs années, au commencement de ce siècle, la résidence de Desblanc, habile mécanicien, inven- teur d'un mouvement ingénieux pour remplacer les verges des balanciers des montres. Il avait essayé l'application de la vapeur à la navigation, mais il fut dans son essai moins heureux que Fulton. Né à Mâcon en 1760, Desblanc mourut à Trévoux en 1820. C'est ici le lieu de parler de quelques coutumes en usage à Trévoux, et qui ont subsisté jusqu'à la révolution de 1789. Le dimanche qui suit la fête de saint Symphorieu, le 22 août, le clergé, le parlement et les autorités de la ville allaient proces- sionnellement de l'Église au bord de la Saône ; ils montaient en bateau et se rendaient au-delà du lit de la rivière, à un roc caché sous l'eau et appelé Rocher de Saint-Symphorien. Ce roc, qui est très-près de la rive droite, est creux, et la tradition populaire prétendait que le trou avait été formé par le pied du cheval de saint Martin, qui aurait traversé tout armé la Saône en cet en- droit. On plantait dans ce creux une grande perche à laquelle on attachait un petit saule. Là , un chanoine chantait l'Évangile de la fête ; après quoi, au milieu des fanfares et du bruit de la mousqueterie, on mettait l'arbuste en pièces, on abattait la per- che, et le cortège s'en retournait dans le même ordre qu'il était venu. On fait remonter cet usage au temps des sires de Thoire et de Villars, qui voulaient par cette cérémonie faire reconnaître la juridiction qu'ils s'attribuaient sur toute la largeur de la rivière. Un autre usage assez singulier avait lieu le jour même de la fête patronale. Après les offices du jour, on proclamait le royau- me, c'est-à -dire, qu'on mettait aux enchères les titres de roi, de reine, de dauphin, de dauphine, qu'on devait porter pendant l'année. Ceux qui avaient assez donné pour être élus, s'appro- chaient de l'autel, et le prêtre, leur mettant l'étole sur la tête,