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                         JACQUES LISFRANC.                       307
l'axe du membre sur lequel on agit. Nous avons indiqué la di-
rection qu'il devait rigoureusement suivre. Ainsi, avec ces deux
grandes lois de médecine opératoire, on sait combien nous en
avons établi d'autres. Cette belle science, nous osons le dire,
est presque devenue vulgaire, et cependant on avait écrit que
l'on naissait opérateur comme on naissait poëte. Erreur étrange
que nous avons heureusement détruite ! »•
   On a reproché à Lisfranc, dans la composition de ses œuvres,
des emprunts d'idées qui lui seraient provenus de ses propres
élèves. Lisfranc pourrait répondre comme Voltaire, qu'il était
assez riche pour emprunter. D'ailleurs il rendait au centuple,
et le prêt fructifiait dans ses mains au profit du prêteur. Un fai-
ble capital ne sert à rien s'il n'est utilisé, ou réuni à de grands
capitaux.
   Ces monuments de la science sont beaucoup, il y a là le salut
de bien des générations. Toutefois dans l'estime qu'en avait Lis-
franc, nous sommes convaincu qu'à l'exemple encore du grand
génie que nous venons de citer il répétait souvent :

       J'ai fait un peu de bien, c'est mon meilleur ouvrage.

   Au demeurant, si l'on a disputé à Lisfranc quelque chose, ce
n'est pas la science ; ainsi je n'insisterai pas sur cette part de sa
vie; je reviendrai à cette part de son caractère qui se lie à la
perfection du cœur, peut-être un peu méconnue, parce que Lis-
franc attaqué frappait au visage. Des soufflets ouvraient ses répli-
ques; puis l'on soupçonnait peu que cette brusquerie dont on se
préoccupait trop n'était qu'une enveloppe factice, dont le meilleur
cœur se drape pour diminuer une sensibilité dont l'homme mal-
à-propos rougit quelquefois.

                                   VI.

  Il y a eu, dans Lisfranc, des traits de noblesse d'àme et de gé-
nérosité dignes d'être écrits pour l'histoire. L'un de ces traits qui
ne peuvent être dignement appréciés que par ceux qui savent
tout ce qu'il entre de passion dans une rivalité chirurgicale,