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                       JACQUES L1SFRANC.                       291
noble et pieux souvenir de son cœur et de sa main, l'offrande
serait digne et belle !
   Jacques Lisfranc quitta Lyon vers l'année 1812, et s'enrôla
après concours à l'Hôtel-Dieu, où Dupuytren lui servit de maître
et de protecteur. On a dit à ce sujet que Dupuytren avait alors
la ferveur de la jeunesse et du génie, et le degré de bienveillance
compatible avec sa nature ; Lisfranc, l'admiration et le dévoue-
ment d'un disciple enthousiaste ; et on ajoute que ces relations,
d'abord si sympathiques, se rompirent dans ce qu'on a appelé,
sans doute quant à eux, Vétroitesse de Paris ; ces deux fiévreuses
ambitions finirent par se changer en une inimitié mutuelle des
plus implacables ; et, de ce délire, se sont échappés bien de ces
mots désolants que savaient tous les étudiants de l'époque, et
dont leur malice d'élève grossissait outre mesure le vocabulaire.
De la part de Dupuytren, c'était en parlant de Lisfranc, « le
Brutus solliciteur ; ajoutant : « que sous une enveloppe de san-
glier, on portait parfois une enveloppe de chien couchant. De
la part de Lisfranc, c'élait en réplique les plus fiéleux quolibets.
Dans toutes ces saillies envenimées la fièvre était patente ;
pourtant, à cette époque, ces deux illustrations, au dire de tous,
étaient faites pour préoccuper bien autrement l'opinion ! Aussi,
si l'on ajoutait jamais une page au Dialogue des morts, en met-
tant en présence ces deux rivaux implacables, on les retrouve-
rait probablement pleins d'estime l'un pour l'autre. Lisfranc
n'aurait plus de rudes propos, d'invectives d'une rancunière et
inexorable hostilité ; et Dupuytren, de son côté, retirant ces
injurieuses qualifications, aurait peut - être quelques tardifs
éclaircissements à fournir sur la conduite que Lisfranc lui re-
prochait d'avoir tenu en 1822, lors du renouvellement de l'an-
cienne Faculté de médecine , à la suite de sa dissolution sur-
venue pour des griefs personnels à l'abbé Nicole. Nos lecteurs
ont besoin de deux mots d'explication quant à ce prétendu
grief de Lisfranc, si gros de tempêtes pour ces deux exis-
tences !
  Depuis l'assassinat du duc de Berry, Dupuytren était fort
puissant à la cour; c'était sur ses présentations que l'on pour-