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244 PIERRE REVOIL.
lyonnaise, j'aurai, je pense, complètement donné la mesure de
ce remarquable professorat.
L'enseignement de Revoil, on le comprend de reste, devait
nécessairement avoir pour base les doctrines artistiques qu'il
avait puisées lui-même dans l'atelier de David. Assurément, cette
école est aujourd'hui bien déchue de son ancienne réputation,
et le jour n'est pas loin où l'un de ses plus illustres représen-
tants, le baron Gros, demandait à la mort l'oubli des sarcasmes
qu'une critique sans entrailles n'avait pas épargnés à sa vieil-
lesse; mais si elle a perdu l'empire de la mode, si pour des
causes que je n'ai point à examiner pour le moment, elle n'est
plus en possession de la faveur publique, ne lui doit-on pas cette,
justice qu'elle prescrivait l'étude constante de la nature et des
maîtres, l'élévation de la pensée et le respect de l'art, ce que
n'ont pas fait beaucoup d'entre les novateurs qui l'ont remplacée ?
C'étaient là les principes que Revoil enseignait à ses élèves, et s'ils
ne donnent pas le talent plus que le génie, ils préservent à coup
sûr des écarts et de ces lourdes chutes que le génie et le talent,
réduits à eux-mêmes, ne font pas toujours éviter. Non content
de leur transmettre ces traditions sans lesquelles, il n'y a pas
d'artiste supérieur et vraiment complet, sa sollicitude les suivait
encore lorsqu'ils avaient franchi le seuil de la classe, semblable
en cela à ces peintres, à ces sculpteurs d'une autre époque, qui
voyaient dans leurs élèves une seconde famille, il donnait aux
siens de bons conseils, veillait sur leurs mœurs et s'intéressait
constamment à leur position comme à leurs études. Si quelques-
uns d'entreux, plus intéressants par leur manque de fortune,
avaient besoin d'utiliser leur savoir, un peu plus tôt qu'il n'est
d'usage de le faire dans la pratique des beaux-arts, il cherchait
à leur procurer des travaux en rapport avec leur talent, et il
fut, dit-on, assez heureux pour y réussir quelquefois.
Rempli d'instruction et de goût, Revoil se distingua égale-
ment comme bibliophile et comme antiquaire. 11 avait su réunir
dans son cabinet une bibliothèque d'ouvrages anciens et pré-
cieux, principalement sur l'époque du moyen âge, dont il fut
contraint de se défaire avant sa mort, ainsi qu'une collection fort