page suivante »
LE SENS CACHÉ. 187 En tout j'aime le mieux, j'ai le goût des sommets ; De la plaine pourtant je ne sortis jamais. C'est que, vois-tu, lecteur, sauf un I qui décèle Un sens droit, mélangé de fierté naturelle, Le reste de mon nom, hélas ! ne reproduit Qu'obstacle, empêchements, ambages et circuit; Vois, en effet, ces SS aux lignes contournées Par un double ravin couper mes destinées ; Observe leurs replis ; ne t'offrent-elles pas L'image d'un lacet où s'embrouillent mes pas? Et, songeant aux liens que je porte en moi-même, Comme je comprends mieux le sens de cet emblème ! J'y vois ce que je suis, grâce à mes propres torts, Prisonnier au dedans encor plus qu'au dehors. Puis, j'entends de mon nom retentir la finale, Rime de pacotille, entre toutes banale, Pâle terminaison, syllabe sans couleur, Qui sonne également dans bonHEUR et malHEUR. Elle dit à son tour : Ta destinée est close ; Fais ton deuil maintenant des lauriers et des roses ; Quel que soit l'avenir, tu ne sortiras pas De l'ordinaire train des choses d'ici-bas. Renonce à la jeunesse, aime l'ombre, renonce À l'impossible; vois ton champ couvert de ronce; Tu n'as rien récolté , mais n'accuse que toi, Puisqu'attendre et rêver furent ta seule loi. Ainsi mon nom résume et m'explique ma vie, Ma souche plébéienne et jusqu'à ma patrie, Mes fautes, mon néant; et je sais, grâce à lui, Que demain ne doit pas différer d'aujourd'hui ; Et, loin de m'accabler, cet arrêt me relève, Et, soumis, mais plus fort, je dis : Assez de rêve, Assez d'encens brûlé pour les dieux inconnus, Assez de vains projets; debout! le temps n'est plus