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120 LES TROIS BURCHARD.
adhérents de Giraud ( ou Gérard) II, comte de Forez, et, en troi-
sième lieu, les zélateurs, qui demandaient une élection purement
canonique et sollicitaient saint Odillon, abbé de Cluny, d'accepter
la mitre archiépicopale. Mais Burchard revendiquait cette dignité,
comme étant devenue inséparable de l'héritage temporel laissé
par son oncle , qui lui revenait, disait-il, suivant la loi des suc-
cessions. Il représentait en même temps au clergé que lui seul
pouvait maintenir l'indépendance et les privilèges de l'Église vis-
à -vis des Comtes de Forez ; il rappelait au peuple de Lyon l'obéis-
sance qu'il devait à son vieux roi Rodolphe, qui vivait encore et
qui semblait approuver sa candidature, mais, ce qui, sans doute,
était d'un bien plus grand poids, il se présentait aux Lyonnais
appuyé de toutes les forces de Gérold, dit le Genevois, son pro-
che parent, qui était alors tout puissant dans les provinces voi-
sines. Au moyen de cet appui, il obligea la faction du Comte de
Forez à ajourner ses prétentions , qui ne tendaient à rien moins
qu'à ressaisir la souveraineté temporelle de Lyon.
De son côté, le Chapitre voyant la répugnance de saint Odillon
à compromettre sa renommée dans ces discordes intérieures, avait
envoyé une députation à Rome, auprès du pape Jean XIX, pour
l'informer de l'anarchie qui régnait à Lyon, et lui demander de
vaincre les scrupules de l'abbé de Cluny, en lui ordonnant d'ac-
cepter son élection au siège de Lyon.
Le Pape , pour faire cesser ce schisme scandaleux , nomma
saint Odillon, archevêque de Lyon , lui envoya le pallium, et lui
écrivit une lettre où il lui ordonnait de prendre immédiatement
le gouvernement de cette métropole, sous peine de se rendre cou-
pable de désobéissance envers le Saint-Siège, et de charger sa
conscience de tous les maux qui pourraient résulter de son
refus (1).
Néanmoins, ce saint homme persista dans son humble rosis-
(1) Les auteurs de Gallia christkma , l. IV, p. 82, oui prouve que tout ce
qui concerna l'élection de saint Odillon se passa en l'an 1052 , avant la mer'
du pape Jean XIX, décédé au mois de mai 1033. (Muratori, Ami : d'Italia ,
t. Vlir, p, 385).