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80                      COLONNE DE CUSSY.
    Quelques auteurs ont écrit, pour faire prévaloir leurs systè-
mes, que la guerre des Bagaudes et l'expédition d'Hercule n'é-
taient pas un fait assez considérable pour une colonne commé-
morative. Est-ce donc ainsi qu'on peut assouplir l'histoire dans
l'intérêt d'une opinion? Je me plais à croire, pour ne point imputer
à mauvaise foi une pareille aberration, que ces auteurs n'avaient
lu ni les panégyristes, ni Aurelius Victor, ni Eutrope, ni Salvien.
Ils auraient vu dans les panégyristes que de tous les fléaux
qui ont pu opprimer la Gaule, celui-ci était le plus désastreux
et le plus formidable. Maxime in occidentis plaça (1). Pro-
digium multo tetrius opprimentem. Ils auraient vu que Maxi-
mien, en écrasant ces bandes de brigands, avait rendu aux villes
leur sécurité et leur éclat. Tu modo Galliœ oppida illustraveras,
id est vix Bagaudicam seditionem compresseras (2). Je ne cite
que l'expression générale et non l'exagération de la flatterie, car
Mamertin ajoute qu'eu égard à l'immense bienfait de cet exploit,
Alexandre-le-Grand lui semble petit comparativement (3).
   J'ai essayé, en interprétant les textes anciens et en les groupant
dans cette dissertation, d'éclairer la colonne de Cussy d'une lu-
mière plus vive. Si j'ai complété la pensée de Prunelle, si j'ai
pu dissiper les nuages qui couvraient encore ce monument, je
dois m'applaudir de ce travail, puisque j'aurai, sur ce fait, activé
la marche de la vérité, qui chemine si lentement 'à travers les
siècles, entravée qu'elle est perpétuellement par les impressions
diverses, par les opinions systématiques et par les passions hu-
maines qui pénètrent partout, même dans le domaine pacifique
de la science.

  (1) Pan., p. 111.
  (2) Pan., p. 128. Edi(. ad usum D.
  (3) Nam qnidem magnus Alexander jam mihi humilis videlur. Pan. 118.