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70 COLONNE DE CDSSY. toutes les villes de la Gaule lui offrirent des couronnes d'or. Nous lui devons encore le bienfait, digne de toute notre gratitude, d'y avoir permis, encouragé la plantation de la vigne, interdite par Domitien (1). Mais il ne faut pas perdre de vue que le monu- ment de Cussy se rapporte nécessairement à un fait dont cette localité a été le théâtre, et que Probus, occupé de grandes guerres sur les bords du Rhin et dans la Germanie, était fort éloigné des montagnes éduennes, où sans doute il n'a jamais mis le pied. L'époque artistique de ce monument, peut il est vrai, con- venir au règne de ce grand homme, mais aucun acte particulier de sa vie n'autorise à conjecturer qu'il fut élevé en son honneur. Telles sont les diverses opinions sur l'origine historique de cette colonne, toutes vulnérables par quelque côté, toutes dé- faillantes en présence d'une critique sérieuse. A part celle de M. Girault, qui parut en 1821 , et qui n'en est, comme on le verra, que plus répréhensible, toutes ces opinions sont du siè- cle dernier. Enfin, sur ces obscurités.-et sur ces divergences, une lumière brilla au commencement de ce siècle. Le docteur Gabriel Prunelle inséra, dans le Magasin Encijclopédique, du mois d'août 1805, une lettre à Millin, contenant une nouvelle explication de la colonne de Cussy. 11 l'adressait à un homme distingué dans la science archéologique. Millin, après avoir étudié le mo- nument et la question historique , admit seulement, en partie, cette explication, alléguant que, si la colonne est commémo- rative d'une victoire, elle est, en même temps, un monument funèbre en l'honneur du général romain tué sur le champ de bataille et que son large chapiteau devait supporter l'urne qui contenait les cendres du vainqueur. A cet effet il retournait le chapiteau et plaçait ses baldaquins en l'air, sans observer s'il avait une base. Cet aperçu de Millin, à tous égards , n'est pas soutenable; il est vrai de dire aussi qu'il ne s'applique pas beaucoup à le soutenir et qu'il ne le livre que comme une conjecture. C'est une chose regrettable que de voir, sur cette question , tous les auteurs qui l'ont traitée , produire une (1) Tillemont, tom. III, pag. S67.