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54                     TABLE DE CLAUDE.
supposer dès lors que des vieux soldats romains, transportés
des rives du Tibre, du Po ou de l'Arno, sur celles de la Saône,
auraient consenti à leur déchéance ? Comment admettre qu'ils
se seraient résignés à cet énorme amoindrissement de leur con-
dition , et de quels arguments Plancus aurait-il pu se servir,
pour les déterminer à leur émigration, s'ils n'avaient dû être à
Lugdunum, leur nouvelle patrie, tout ce qu'ils étaient politique-
ment dans l'ancienne? Quant aux Viennois, il n'y a pas moyen
 d'échapper à la rigueur du témoignage officiel et irrécusable de
l'empereur Claude ; ils étaient en possession du droit aux hon-
neurs, et ils ont fourni, à ce titre, des membres au sénat. Je
ne vois pas bien à propos de quoi vous métamorphosez Vienne
en colonie fictive, sans mission qui la retînt au sol ; et je com-
prends peu, je l'avoue, cette théorie des colons fictifs. Je n'en-
tends pas davantage cet autre argument, que quand il serait
 vrai (c'est parfaitement vrai) que des membres du sénat seraient,
venus ex Lugduno, rien ne prouverait qu'ils eussent été pris
dans la colonie de Lugdunum ; est-ce que les vétérans installés
par Plancus dans l'enceinte des murailles de Lugdunum , n'é-
taient pas colons romains ? Des raisonnements quelconques peu-
vent-ils prévaloir contre les paroles sacramentelles du monu-
ment de Gaëte : Colonias deduxit Lugudunum et Rauricam ?
 Sur quels motifs est fondé le commentaire dont vous accom-
 pagne/! ces paroles de Claude : Divus Auguslus et Tib. Cœsar
omnem jiorem ubique coloniarum ac municipiorum bonorum
scilicet virorum et locuplelium in hac ciiria esse voluit. Ces
 paroles ne sont accompagnées par l'orateur impérial d'aucune
 réserve. « Le divin Auguste et Tibère César, mon oncle, ont
 voulu que l'élite des colonies et des municipes, c'est-à-dire que
 les hommes les meilleurs et les plus riches fussent admis dans
 le sénat. » Je néglige quelques unes de vos interprétations et
  déductions, peut-être arbitraires, et je demande ce que de-
  viennent des arguties de commentateurs et de juristes, en pré-
  sence de preuves irréfragables gravées sur bronze immédiate-
  ment après l'événement : EX LUGDUNO HABERE NOS NOSTRI OR-
  OINIS VIROS NON POENITKT. Tant que quelque intelligence de la