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472                 JEAN-CHARLES GREGORJ,
partie, mais nous ne pouvons dire si la main qui les avait
réunis avait commencé à leur donner la forme et la vie ; ce que
nous savons, c'est nue pour Charles Gregorj ce travail n'eût été
qu'un jeu, c'est que souvent, dans ses brillantes improvisations,
il déroulait à ses auditeurs les faits de cette admirable histoire
comme si elle eût été complètement écrite. Le troisième volume
devait être composé de pièces justificatives, de notes et de do-
cuments, peu connus ou inédits, d'un grand intérêt. On en re-
trouvera sans peine les éléments dans ses manuscrits ; il s'agira
seulement d'en examiner l'ordre, de les produire suivant leur
rapport et leur liaison avec le texte, et de s'armer, avant d'en
faire usage*, de cette critique judicieuse et sévère, au flambeau
de laquelle l'auteur lui-même aurait examiné toutes les preuves
des faits historiques. Conservons donc l'espérance de voir un
jour l'œuvre capitale de Charles Gregorj sortir comme de son
lineeul, couronnant sa mémoire d'une auréole immortelle. Nous
en avons pour garant le vœu de toute une population, le culte
religieux d'un fils et d'une famille pour laquelle tous les sou-
venirs sont sacrés : elle ne laissera pas périr un monument dans
 lequel l'honneur de son nom est associé aux traditions glorieu-
ses de son pays.
   Cette vie sérieuse et pleine, toute consacrée à ses devoirs de
magistrat et à ses recherches historiques, suffisait amplement
 aux goûts et à l'activité de Charles Gregorj, mais les loisirs
 qu'elle lui laissait n'étaient perdus ni pour ses amis ni pour le
monde savant. Sa conversation la plus intime révélait tout ce
qu'il y avait en lui de ressources : vive, brillante, pittoresque,
nourrie de souvenirs, étincelante de verve et d'esprit, elle était,
aussi étonnante par l'abondance italienne qui la caractérisait
que par la haute raison et le vaste savoir dont elle était em-
preinte. Les traditions du passé et l'histoire contemporaine, l'é-
rudition antique et la grâce de l'esprit français, la science de
tous les âges et de tous les peuples, la philosophie la. plus éle-
vée et parfois le paradoxe le plus aimable jaillissaient incessam-
ment de cette source intarissable, qui, toujours alimentée, se
retrouvait toujours à son niveau. Il y avait dans le mouvement