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                      HOSPICES D'ALIÉNÉS.                      301
l'abri de tout tumulte importun. Ses fondements reposent sur
un plateau à base sablonneuse, assez élevé pour permettre de do-
miner des yeux l'enceinte d'un vaste clos et de contempler les
charmés de la nature répandus avec tarit de profusion dans la
belle vallée du Rhône.
    « A l'intérieur, le terrain, heureusement accidenté, est semé
de promenades aussi variées que bien ombragées. Tout, en un
mot, semble y être ménagé pour donner à la réclusion cet air
de liberté si essentiel au bien-être des aliénés, et que M. Desporte
signale avec raison comme une nécessité hygiénique.... »
   Ainsi parle M. Carrier.—Mais, à propos de cet air de liberté
donné à la réclusion, il est écrit aux livres saints : « Dieu leur
enverra des illusions si efficaces qu'ils croiront au mensonge. »
(il. Th. n , 10). A travers ces lieux, l'imagination cède, en effet,
à ce t'xte pris dans le sens favorable. Elle cède, cette folie du
logis, à des illusions de liberté, lorsqu'on erre dans ce vaste
clos dont les murs de garde sont masqués par des remparts de
verdure. Une variété de culture les seconde à merveille. On y
revoit sa vigne, son verger, ses arbres ornés de fleurs au prin-
temps et chargés de fruits en automne. Leur parure d'hiver n'est
même pas sans charme. Des platanes ici, des tilleuls plus loin,
le marronnier, l'accacia partout, prêtent tour à tour le frais de
leur ombre à ces têtes souvent brûlantes. De sveltes peupliers,
en guerre avec l'orage, apportent, par leur balancement et le
bruit de cette lutte, certaines distractions, pendant lesquelles la
maladie sommeille. Le jardin anglais, ce labyrinthe aux capricieux
détours, rappelle les courses sinueuses à travers la vie. Là,
dans ces touffes d'arbres et d'arbustes de haute et basse tige se
présente une famille variée où chacun peut «mbrasser l'arbre de
son pays, depuis le noir sapin jusqu'au cèdre du Liban. Ces
pauvres arbres s'y disputent l'air, l'espace, la lumière, tout au-
tant que dans le monde les hommes se disputent ces biens pré-
cieux. L'arbre élevé opprime l'arbre nain. Les racines de l'un
étouffe les racines de l'autre. L'arbre de France n'y est pas hos-
pitalier pour la plante étrangère. Jaloux de son climat, il justifie
ce dicton des Romains au sujet de nos pères : « Ayons lé Franc