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             SUB L'ENSEIGNEMENT DE LA PEINTURE.                   277
 trent-ils pas l'inutilité des règles ? Le clair-obscur est peut-être
 la seule partie de l'art sur laquelle on puisse établir des princi-
 pes immuables , comme ceux de la perspective, et pourtant, à
 l'époque de la Renaissance, parmi les peintres qui ont porté
 l'art au plus haut degré de perfection, le Corrége est le seul
 qui ait senti la poésie du clair-obscur, comme il sentit celles de
 la grâce et de la couleur. L'École romaine semblait regarder
 cette étude comme inutile, ou peut-être elle ne la comprenait
 pas. Aujourd'hui, elle est devenue indispensable ; elle sert pour
 ainsi dire de base à l'instruction pittoresque ; et nous avons
 beaucoup de tableaux, dont tout le mérite tient à la manière
 adroite et ingénieuse avec laquelle l'artiste a distribué ses om-
 bres et ses couleurs. Ces effets recherchés, jusqu'à l'afféterie ,
 annoncent peut-être la décadence de l'art, ou du moins la sa-
 tiété que nous en éprouvons. Il ne suffit plus pour plaire d'of-
 frir aux regards blasés du public des compositions savantes,
 un dessin correct, une couleur brillante et vigoureuse, il faut
joindre à tout cela l'invention d'un effet nouveau; et, le plus
 souvent, c'est l'effet seul, isolé et sans aucun autre mérite qui
 attire et fixe l'attention.
    Mais ne dira-t-on pas que je décrie un système que j'ai suivi
moi-même le premier ? et c'est précisément pour cela que je veux
prémunir les jeunes gens contre les abus que j'ai pu faire naî-
tre. Chef d'une Ecole qui a déjà obtenu quelques succès, je dois
empêcher les élèves de croire que le premier mérite de la pein-
ture se trouve dans le charme, trop séduisant sans doute, du
clair-obscur et d'une exécution soignée à l'excès.
         Tous les genres sont bons , hoi'3 le genre ennuyeux ,

et c'est précisément celui-là que nous atteindrons, si nous ne
cherchons à varier nos compositions par des sujets qui puissent
intéresser ou l'esprit ouïe cœur ; mais, si, comme on l'a repro-
ché à notre Ecole, le pinceau ne présente qu'un travail minutieux
et monjtone, au lieu d'être satisfait par l'esprit de la touche, l'œil
est fatigué de la peine qu'a dû éprouver l'artiste pour arriver à ce
précieux fini ? Que restera-t-il d'une œuvre qui n'intéresse ni le