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                  BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                   223

yeux des savants officiels, un vulgaire bien profane, et s'il s'y
rencontrait quelque esprit distingué, la capitale de l'empire ne
voulait pas avoir l'air de s'en douter. Aussi Pline le jeune
écrit-il à Géminius : « Je ne pensais pas qu'il y eût des li-
braires à Lyon. » Bibliopolas Lugduni esse non putabam ;
superbe fatuité dont Rome, suivant la remarque spirituelle de
M. de Boissieu, n'eut pas seule privilège. Je ne saurais résister
au plaisir de raconter une petite anecdote dont le sujet est du
meilleur à-propos, car le personnage le plus intéressé est l'un
des successeurs de ce libraire ignore de Pline. Notre ami, M. P...,
recevait dernièrement la visite d'un homme fort connu dans le
monde savant delà capitale. Travaux artistiques ^scientifiques
et littéraires devinrent tour-à-tour l'objet d'une conversation
dans laquelle la publication récente des Inscriptions antiques
de Lyon ne pouvait passer inaperçue; M. P... en fit apporter
un exemplaire. Le Pline parisien l'examina avec une attention
mêlée de ce je ne sais quoi qui trahit une secrète pensée, puis,
le rendant à M. P . . . , il laissa tomber ces paroles : « C'est
presque aussi bien qu'à Paris. » Ne trouvez-vous pas ce presque
aussi joli que le Bibliopolas Lugduni esse non putabam? Rome,
Paris, enfants superbes, qui déchirent le sein de leur nour-
rice et renvoient corrompu un sang qu'elles ont reçu pur et"
vivifiant !
   Après ce remarquable chapitre des corporations, nous trou-
vons les inscriptions qui rappellent les jeux publics et les spec-
tacles.
   Depuis l'an de Rome 742 jusqu'au commencement du IIIe siè-
cle , les fêtes nationales du confluent se succédèrent avec un
développement toujours croissant de magnificence. On connaît
la belle médaille d'Auguste et de Tibère offrant au revers l'autel
lyonnais. Tout le monde a entendu parler des jeux institués
par Caligula et où se trouvaient mêlés des combats d'éloquence
grecque et latine dont les conditions étaient si singulières. Un
passage de Dion Gassius fournit à M. de Boissieu l'occasion de
relever cette erreur longtemps accréditée, que les vaincus,
dans ces luttes intellectuelles, étaient condamnés à effacer leurs