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206                    NOTICE HISTORIQUE
teur, qu'il voulût bien agréer ce faible gage d'affection et de
respectueuse gratitude. 11finissaitpar enjoindre aux prêtres de
la Mission de distribuer aux pauvres, même avant qu'il fût mort,
tout ce qu'il laissait d'argent, de linge, d'habits et de petits
meubles.
   Après avoir fait son testament, le P. des Billons s'occupa en-
core de quelques-unes de ses productions qu'il voulait rendre
publiques. Il entreprit de corriger et de transcrire une petite
comédie qu'il estimait. A peine fut-il à la moitié de l'œuvre, que
sa main faible et chancelante se refusa à Continuer le travail. 11
remit au Principal du collège de Manheim deux nouveaux livres
de fables, précédés chacun de leur prologue, avec des prologues
pour le XIe, le X1I«, le XllI», le XV = et le XV" livres, qui en
                                      1<
manquaient. Il souhaitait que tout cela fût imprimé sous le titre
d'Appendice aux quinze livres de la dernière édition. Il lui parla
aussi de ses autres poésies, de ses odes, de ses lettres, d'une
tragédie et de deux comédies latines , qu'il désirait qu'on im-
primât sous le titre à'Opuscules. On leur donna celui de Miscél-
lanea posthuma (Mélanges posthumes), et ces divers morceaux
parurent à Manheim, en 1792, en deux volumes in-8. Cette
année-là, il devait publier, à Strasbourg, une partie de ses ou-
vrages , et l'abbé Klein, professeur de rhétorique au Collège de
cette ville, s'était chargé d'en surveiller l'édition.
   Le P. des Billons voyait approcher la mort, sans rien perdre
 de sa sérénité ; il avait mis ordre à tout, et était prêt à partir
quand il plairait à Dieu de l'appeler. Ses amis et les prêtres du
Collège ne le quittaient plus ; il aimait à les voir, à les entendre,
à leur parler, mais comme un homme qui n'attendait que le mo-
ment du départ. Le 15 mars, il s'efforça encore de monter à
l'autel, ce fut pour la dernière fois. Le 16, il signa et confirma
son testament. Le 17, on lui administra le saint Viatique, et le
lendemain l'extrême-onction. Il répondit aux prières des agonis-
sants avec une piété qui provoqua les larmes de tous ceux qui
étaient là. « N'en faisons pas davantage, leur dit-il ; les Pères
du désert nous conseillent de vivre et de mourir avec simplicité,
sans nul éclat. » Vers le milieu de la nuit, il perdit la vue,