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194 NOTICE HISTORIQUE grammaticale, hérissée de discussions arides sur des phrases et des mots, mais une histoire littéraire, où nous tâcherons surtout de bien faire connaître une foule d'auteurs qui ont écrit en latin, depuis les premiers siècles de Rome jusqu'à nos jours ; d'exposer fidèlement le mérite ou les défauts de leurs ouvrages, et la cri- tique et les éloges qu'on en a faits ; de rendre compte des édi- tions qu'on en a données, et d'examiner quelquefois les seolies, notes, commentaires dont ont les a enrichis ou accablés. Nous prononcerons sur tout cela, parceque le lecteur veut que l'on décide ; mais ce ne sera que d'après des savants reconnus pour tels, que nous aurons pris pour guides. Quant à nos senti- ments particuliers , nous les dirons avec franchise, mais nous souhaitons qu'on ne les prenne que pour de simples conjec- tures. » Tel est le plan de cet ouvrage, qu'il se proposait de donner en français. Malesherbes, qui avait la librairie sous son inspec- tion, le pressa de le finir et de le faire paraître. Le P. des Billons y travaillait, lorsque les Parlements prononcèrent la dissolution de la Compagnie de Jésus en France. Cet événement ôta à l'au- teur les moyens de continuer son travail, en l'éloignant pour toujours des savants, et des nombreuses bibliothèques de Paris, qui lui étaient nécessaires. Le seul de ses écrits sur cette his- toire, qui eût pu être imprimé, ne contenait que les trois pre- miers chapitres du premier livre. Ils formaient eomme trois dissertations écrites avec autant de sagacité que d'érudition. La première, sur l'origine de l'alphabet latin ; la seconde, sur celle de la langue latine ; la troisième, sur l'état de la langue jusqu'à la première guerre punique. Le reste n'était qu'une vaste collec- tion à laquelle il avait travaillé pendant plus de vingt ans, et qui contenait une multitude étonnante de notes, de disputes, de jugements des savants, et de recherches sur tous les auteurs latins. Le P. des Billons ne put voir qu'avec douleur la catastrophe des Jésuites, et la dispersion de son Ordre fit à son cœur une plaie profonde, qui ne se ferma jamais. Forcé d'abandonner sa douce retraite du collège Louis-le-Grand, il accepta un apparte-