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176 HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.
amoureux, les jaloux, les peintres, les poètes, les philosophes, voire même
beaucoup de jolies femmes. M. Délyror veut ra'enrôler dans cette brillante
légion ; il a tort de s'en dire membre ; car, en plaisantant sur mon article
Triumvirat, il a donné un grand exemple de prudence, il a eu la finesse de
ne pas aborder le fond de la question, preuve de bon sens. Il se serait cassé
la tête sur un tel sujet, bien au-dessus de sa portée, et c'est alors qu'il aurait
été tout de bon DélMor. Il a prévu le danger ; il s'est borné à des facéties in-
nocentes et d'un ton modéré ; c'est de quoi je le félicite, et je le propose pour
modèle à ces gens pétris d'amertume qui traitent avee importance les articles
de journaux, et qui veulent faire pendre un homme avec quatre lignes de son
écriture. M. Délyror a évité ce ridicule.
« Dans ses railleries, il est prolixe, noyé dans le papillotage. Son accusa-
tion de folie est bien rebattue et bien vide de sens : les orgueilleux appellent
fous tous ceux qui en savent plus qu'eux. Christophe Colomb fut déclaré fou,
il fut la risée de l'Europe pendant sept ans pour avoir proposé la recherche
d'un nouveau continent. Galilée et tant d'inventeurs célèbres passaient pour
fous dans le principe. L'inventeur du calcul mathématique des destintes doit
donc aussi être un fou, selon les rieurs ; mais rira bien qui rira le dernier, et
le dénouement n'ira pas à sept ans comme dans l'affaire de Colomb.
« Pour en finir, M. Délyror ou Dérysor n'a pour lui que son style décent,
mais il est loin de la concision et du raisonnement nécessaire dans une apos-
trophe personnelle. Cependant, comme les borgnes sont rois chez les aveugles,
M. Délyror peut encore servir de guidé à tant d'esprits brouillons qui ré-
pondent à des raisons par des invectives, et qui n'ayant d'autre talent que
celui de railler, ne connaissent aucun frein, soit dans leurs diatribes écrites,
soit dans leurs verbiages offensans.
« FOCRRIER. »
Cette réponse ne paraissant pas suffisante à sa vengeance,
Fourrier écrivit encore dans le numéro du 7 nivôse, ce sera
notre dernière citation de cet écrivain :
INVITATION AUX ÉCHOS.
« Il est amusant pour moi de faire jaser à volonté tant de jeunes muses ;
si je fais imprimer un article, aussitôt ces Messieurs s'escriment contre moi,
en vers et en prose dans les deux journaux. Ne sont-ils pas confus d'être
vingt contre un ? Ne sauriez-vous, Messieurs, parler d'autre chose que de
moi? Où en serait votre esprit sans ma folie ? Vous ne le développez que
lorsque je vous excite. Je ne suis pas si uniforme ; la satire, l'harmonie, le