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INFLUENCE DE LA LITTÉRATURE. H5 de mains. Fallait-il suivre dans tous ses détours l'esprit humain se multipliant ainsi, nommer tous les coupables à cette orgie littéraire ? J'avoue que M. Menche n'a pas inême nommé tous les chefs. A côté des livres, il y avait place aussi pour quelques consi- dérations sur les hommes, car les livres se sentent toujours des misères ou des bassesses du cœur. Un sensualisme effréné, et, par suite, l'amour de l'argent, ont fait trébucher plus d'un homme. La plupart de nos gens de lettres, grands et petits, se résignent malaisément à la médiocrité du sage ; il en est qui ont fait de fréquentes doléances sur l'injustice du sort et leur pau- vreté , et qui n'ont pas voulu se rendre compte qu'ils étaient des bourreaux d'argent. Chateaubriand, Alexandre Dumas et Charles Nodier ont donné, sur ce point, de tristes exemples, et j'en pour- rais nommer bien d'autres. Que résulte-t-il delà ? c'est que, ré- duit aux expédients, on écrit à tant la ligne, on hypothèque sa tombe ; on vend son cœur, pour ne pas vendre un sillon, et, dans cette nécessité de produire, on en vient à raconter, sous des cheveux gris, ses amourettes de vingt ans. C'est ainsi qu'on perd le respect de soi et le sentiment de sa dignité littéraire , et Tes grimauds qui voient faire d'en bas, s'enhardissent à toute la mor- gue et à toutes les pitoyables excentricités dont nous sommes les heureux témoins. Dans son estimable et utile volume, j'observe, en finissant, que M. Menche n'a considéré qu'un seul côté des choses, le plus bruyant, il est vrai, et le pire ; mais pour que le tableau fût complet, il était nécessaire, ce me semble, de parler aussi de cette littérature qui a tenté de faire contrepoids, ou qui s'est avancée dans un sens contraire. II fallait montrer le bien à côté du mal. J'aurais voulu encore que M. Menche nous fit toucher au doigt l'abaissement littéraire venant avec l'abaissement de la pensée, le mauvais goût se mettant de force au service des mauvais écrits ; il n'aurait pas eu, je crois, beaucoup de peine à accom- plir cette tâche, F.-Z. COLLOMBET. iO