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               DE LA PHILOSOPHIE SCOLASTIQUE.                   123
des mémoires les plus justement flétries et des institutions les
plus légitimement exécrées ; ce n'est point, en un mot, par des
admirations béates des œuvres quelconques du moyen-âge,
mêlées à d'absurdes diatribes contre la Renaissance et contre les
temps modernes, qu'on arrivera à développer la foi religieuse.
11 ne s'agit pas de se prosterner devant le moyen-âge, il s'agit de
le comprendre. Ah! s'il était vrai, s'il était démontré, par une
analyse historique des diverses doctrines ontologiques qui se
sont succédées à cette époque de transitions, que ces doctrines
se lient, par un rapport intime, aux doctrines de la Renaissance ;
s'il était démontré que, dans celles-ci comme dans celles-là,—
plus même que dans celles-là,— on retrouve comme principe, non
pas toujours avoué, mais toujours réel, le dogme chrétien; s'il
était démontré qu'à l'origine de cette pensée, c'est-à-dire de
cette civilisation moderne dont nous sommes si fiers, il y a le
catholicisme, quel progrès n'aurait pas fait la question religieuse ?
Et combien de nobles intelligences, aujourd'hui hostiles à des
principes qui leur paraissent des germes d'immobilité et de
mort ne lui porteraient pas dès demain leur adhésion, si elles y
voyaient la source divine de toutes les grandeurs, de toutes les
conquêtes humaines ?
   L'étude de la scolastique, ou, pour parler plus exactement,
l'histoire de la notion d'Etre ou de Substance à travers les doc-
trines du moyen-âge, a donc un grand secret à nous livrer : elle
peut fournir à la discussion religieuse qui est, et sera toujours la
discussion capitale, un nouveau terrain. Elle peut ramener les
âmes égarées par le scepticisme théologique à une appréciation
plus exacte du présent et les intelligences dévoyées par l'incrédu-
lité rationaliste à une plus saine estime des dogmes éternels du
catholicisme. En d'autres termes, elle peut rapprocher les esprits
d'une solution qui concilie autant que possible les écoles enne-
mies, en conciliant les'légitimes besoins de la pensée humaine.
    Et ce n'est pas tout : c'est précisément, nous l'avons déjà re-
connu, en se proposant ce but et en rendant ces services signalés,
qu'elle devient elle-même capable de se constituer. Du haut de la
question religieuse, telle que nous l'avons interprêtée, les systè-