page suivante »
44 ESSAI HISTORIQUE tait. Bien qu'ambitieuse et mondaine , la domination des pre- miers empereurs d'Allemagne sur Rome fut, jusqu'à un certain point, salutaire. Si elle refusa l'indépendance à la Papauté, elle lui restitua une partie de sa dignité. Ainsi, elle ne permit plus que des pontifes, sans mœurs et sans foi, montassent les de- grés du Siège de Pierre. Elle en déposa un certain nombre. Et que de pareils actes fussent canoniques ou non, il est cer- tain qu'ils avaient leur utilité dans les circonstances, et servaient les intérêts delà religion. Plusieurs des pontifes, créés par l'Em- pire , comme Sylvestre II, honoraient l'Église romaine par leur caractère, leur science et leurs vertus (1). D'ailleurs, Rome n'é- tait point capitale de l'Empire. La puissance qui régnait sur elle était doenc éloignée, conséquemment moins oppressive, moins tracassière qu'on ne pourrait d'abord se l'imaginer ; elle laissait aux papes, pourvu qu'ils lui fussent soumis, une certaine latitude dans laquelle il leur était permis de se mouvoir assez librement. Les papes étaient humiliés , la papauté conservait sa grandeur et sa majesté. Mais cette situation de la Papauté ne pouvait être que transi- toire ; si elle eût été durable, elle l'auraittôtoutard amenéeà se fon- dre dans la prépondérance impériale. En effet, il n'était pas impos- sible que Rome ne devînt, avec le temps, la capitale de l'Empire ; il l'était encore moins que des princes mondains ne se rendissent maîtres absolus du souverain pontificat ; qu'ils n'y nommassent à leur gré, qu'ils ne le laissassent vaquer selon les vues de leur ambition ; qu'ils n'en investissent que leurs créatures, devenues par là les ministres de leur volonté ; et qu'à la fin le pouvoir des clefs ne se confondit avec la puissance du sceptre. Contre de tels dangers, la situation des papes n'offrait aucune garantie. Et ils étaient si possibles, ces dangers, que les empereurs les réalisèrent à peu près tous. On sait qu'un des projets favoris d'Othon III était de reporter à Rome le Siège de l'Empire (2). (1) Voir la Vie que Hock a donnée de Sylvestre H, dans la traduction de l'abbé Axinger. Paris, in-8. (2)Mascovii, Comment, de rébus Impeiïi, in-4, Lipsiœ, 1757, p. 1 7 2 . —