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          SUR LE POUVOIR TEMPOREL DE LA PAPAUTÉ.                      35
   Pépin franchit deux fois les Alpes ; tout lui réussit. 11 battit les
Lombards, contraignit leur roi à respecter le territoire de Rome
et à relâcher l'exarchat de Ravenne. Le monarque frank montra
alors combien ses intentions avaient été religieuses et sincères
quand il s'était chargé du protectorat de Rome. Jean, silentiaire de
l'empereur Constantin Copronyme, étant venu redemander, au
nom de son maître, la restitution de l'exarchat, Pépin lui fit ré-
pondre qu'aucune considération humaine ne lui ayant fait pren-
dre les armes, qu'ayant été uniquement guidé dans son entre-
prise par l'amour de saint Pierre, il ne souffrirait jamais que
l'exarchat fût enlevé à l'Eglise romaine (1). En effet, selon «qu'il
s'y était engagé avant de quitter la France, il ne voulut retenir
pour lui de ses succès que la gloire ; quant à ses conquêtes, il les
céda à l'Eglise romaine (2).Par cette cession importante, les nœuds
qui unissaient Rome aux souverains deByzance furent définitive-
ment brisés, et quoique l'on continuât encore de dater les actes
publics des années de leur règne, ils n'exercèrent plus dans l'an-
cienne capitale du monde aucune autorité. L'indépendance de la
papauté se trouva ainsi consommée.
   Charlemagne acheva l'ouvrage de son père. En détruisant le
royaume lombard, il débarrassa enfin le Saint-Siège d'un voisin
incommode et turbulent qui, tôt ou tard, l'aurait dominé. 11 res-
serra les nœuds de l'alliance des Franks avec Rome, confirma
les donations précédentes et en fit de nouvelles. C'est peut-être
ici le lieu de dire un mot sur la nature de ces donations célèbres.
Gomment doit-on les considérer ? ont-elles été une pure libéra-
lité des princes franks? les papes leur doivent-ils la souverai-
neté qu'ils exercent encore aujourd'hui sur une portion de l'Ita-
lie ? Questions difficiles, complexes, dont les bornes de cet essai
 ne nous permettent que d'indiquer la solution.
  Si glorieuse que puisse être pour nos rois la création d'une
souveraineté qui, en rendant les papes indépendants, a exercé

   (1) Eginard, Annales, ann. 755 et 756. —Anmt. Biblioth. loc. cit. —Cen-
ni, Monurn. Domin. Pontif., 1.1, p. 62.
   (2) Anast. Biblioth. in vita Zachariœ Papœ l.