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tendoient que les démarches équivoques de quelques-uns de leurs
ancêtres pussent rejaillir jusques sur leur postérité; que s'il y
en avoit qui poussassent la délicatesse à ce point, voici des
raisons qui me paroissent assez fortes pour combattre ce pré-
jugé. Les premières familles du royaume qui se trouvèrent enve-
loppées dans ce parti ont des successeurs qui regardent aujour-
d'hui avec indifférence ce qu'on a écrit à ce sujet. La révolte fut
générale et par conséquent la honte n'en retombe pas sur le par-
ticulier ; elle fut au reste suivie d'un retour volontaire au sou-
verain et d'une fidélité qui ne s'est jamais démentie, et, puisque
l'histoire générale n'a gardé aucun ménagement à l'égard même
des chefs et des principaux membres de la.Ligue, à quel titre
un petit nombre de citoyens trouveroient-ils à redire de voir leurs
noms figurer dans ces Mémoires?
   Mais ne dois-je pas m'attendra à une accusation plus grave
en apparence, et ne se trouve-t-il personne qui forme ce raison-
nement contre moi? Est-il d'un bon patriote d'employer sa plume
et ses recherches à faire revivre un événement qui fait si peu
d'honneur à sa patrie, et n'aurait-il pas dû, en imitant le silence
prudent des écrivains qui l'ont précédé, laisser dans l'oubli un
fait presque effacé de la mémoire ? Ce reproche paroît fondé ; je
ne me trouve cependant point embarassé à y répondre. Car, pour-
quoi seroit-on plus en droit de me l'adresser qu'à ceux des histo-
riens françois qui ont traité en général le même sujet? quelqu'un
s'est-il avisé jusqu'à présent de les blâmer parce qu'ils ont écrit
et publié les égaremens de la nation entière ; n'a-t-on pas au con-
traire rendu justice à leur exactitude et ne leur a-t-on pas su gré
de leur travail! J'avoue qu'il y auroit de la présomption de ma
part, si je prétendois par cette réponse me mettre en parallèle
avec ces grands hommes et égaler ce faible discours à leurs ou-
vrages immortels ; mais en prétendant seulement me fortifier
par leur exemple je me crois pleinement disculpé de cette accu-
 sation .
    Après avoir exposé les motifs qui pouvoient mé détourner de
 cette entreprise, il est à propos de faire connoîlre ceux qui m'y
 ont engagé ; il paraîtra surprenant que le silence des écrivains
 qui auroit dû me servir d'exemple et former un obstacle à mes