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donc utile de dire ce que j'ai senti, ce que j'ai vu et ce que j'ai
 appris sur les lieux où l'on peut considérer cette maladie comme
 endémique.
    Le mal de mer est plus fréquent sur les bâtiments à vapeur
 que sur les vaisseaux à voiles, ce qui tient sans doute à ce que
 les premiers, luttant directement contre les vents, sont bien
 plus exposés au roulis et au tangage. L'un des passagers du
 Crocodile, M. le docteur L         qui navigue depuis près de vingt
 ans , eut dans cette occasion, et pour la première fois , le mal
 de mer ; il ne s'était jamais trouvé, par un aussi mauvais temps,
 sur un bâtiment à vapeur.
   Nous avions à bord un enfant que sa mère allaitait, et sur le-
quel j'ai pu constater l'existence du mal de mer.
    Une femme , enceinte de plus de six mois , fut atteinte par le
même mal; il n'en résulta rien de fâcheux pour l'enfant qu'elle
portait; M. le chirurgien du bord me dit avoir observé que les
femmes en état de gestation et les enfants prenaient plus facilement
le mal de mer et en guérissaient plus vite.
   Quand aux symptômes que j'éprouvai, le premier et le plus per-
manent consista en une sorte d'étourdissement qui paraissait dé-
pendre d'une oscillation des fluides dans tout le système vascu-
laire cérébral ; les mouvements du bâtiment me semblaient être
l'occasion d'autant de coups de piston qui poussaient de nouvelles
injections ; plus tard des nausées se manifestèrent, puis des sou-
lèvementsd'estomac et enfin des vomissements, précédés etaccom-
pagnés d'efforts douloureux et d'un état d'angoisse indéfinis-
sable; les matières alimentaires encore contenues dans l'estomac
furent rendues. Il m'est arrivé , très peu de temps après avoir
mangé, de ne vomir qu'un liquide aqueux ; des stries sanguino-
lentes se trouvèrent dans ces matières ; j'en rendais aussi par une
sorte d'expuition durant l'intervalle des vomissements ; cette hé-
morragie était évidemment le résultat d'une exsudation ou
d'une exhalation sanguine et non d'un état inflammatoire. Enfin
dans le moment où j'étais le plus souffrant, mes sens et particu-
lièrement celui de l'odorat, éprouvèrent un grand accroissement
 de sensibilité ; à tel point que l'odeur du goudron, qui est prédo-
minante dans un bâtiment, et qui jusqu'alors ne m'avait point