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 craindre dans son affaire, afin qu'il pût prévenir le danger par la fuite. On af-
 fecta de publier cette lettre , et elle produisit tout l'effet qu'on eu attendait,
  après quoi le marquis de Fortunat fut relâché. Dandelot, resté seul avec Beau-
 regard , ne put s'empêcher dans la conversation , de lui témoigner sa surprise ,
 sur ce que le duc , après avoir relâché Fortunat qui était l'agresseur, le retenait
 prisonnier ; à quoi Beauregard répondit qu'il était fort surpris du traitement
 qu'il recevait lui-même, après avoir tenu le premier rang auprès du duc, qui
 lui donnait le même appointement qu'au marquis de St-Sorlin son frère , à moins
  qu'il n'attribuât sa disgrâce à ce qu'il avait voulu traiter avec le duc de Mayenne
  son ennemi déclaré. Dandelot repartis qu'il n'était entré en traité avec le duc de
  Mayenne, que parce qu'il avait reconnu que lé duc de Nemours ne se fiait pas en lui,
 mais qu'il ne croyait pas qu'il eût plus de sûreté, d'honneur , ni de profit parmi
  eux ; Beauregard, charmé de cette franchise , lui dit qu'il l'estimait si brave et
  si généreux, qu'il ne ferait point un mauvais usage de la confidence qu'il allait lui
 faire , que sa prison n'était qu'une feinte pour s'assurer de ce château ; e t , pour
 l'en mieux convaincre, il dit au soldat qui tenait les clés qu'il le laissât sortir ; le*
 quel répondit qu'il était le maître de le faire , et n'avait point d'ordre pour le
  garder. Ce discours surprit Dandelot, qui, par une confidence réciproque , lui
 avoua qu'il conservait une affection singulière au service du roi. Beauregard l'as-
  sura qu'il était dans les mêmes dispositions , et qu'il avait en main une occasion
  de le lui témoigner bien efficacement. Dandelot était souvent visité par Birio,
 piémontais, médecin de la comtesse d'Antremont, veuve de l'amiral de Châtillon ;
  ils lui découvrirent tout le dessein du duc de Nemours, les causes simulées de la
  prison de Beauregard ; le commandement fait aux troupes de s'avancer pour se
  saisir de la ville , et faire entrer les troupes par le château de Pierre^Scise.
      Cependant le duc de Mayenne qui soupçonnait avec raison la conduite du duc
  de Nemours," jugea à propos d'envoyer à Lyon l'archevêque pour conserver
  cette ville dans le parti de l'union et la tenir attachée à ses intérêts. Le voyage
  de l'archevêque eut pour prétexte d'accompagner le cardinal de Joyeuse allant
, à Rome pour les affaires de la cause; mais le duc de Nemours fut averti par
  Roissieu qu'il n'y allait que pour observer ses démarches et les traverser. L'arche-
  vêque arriva dans le mois d'août, et fut reçu avec des honneurs qui augmentèrent
  la défiance du duc. Tous les principaux citoyens allèrent lui rendre leurs devoirs
   dans sa maison d'Ombreval (1). Ce fut là qu'il reçut diverses plaintes des vio-
   lences du gouverneur, qui tenait cette ville dans une servitude insupportable.
   Les plus timides, encouragés par la présence et par les conseils de l'Archevêque,
   parlèrent hardiment. Georges Grolier, seigneur de Cazaut, conseiller du présidial,

    ( l ) Cette maison était située sur le bord de la Saône , joignant le bourg de Vimy. M. Camille de
  Neuville , archevêque de Lyon, l'ayant achetée, l'accrut considérablement et lui donna les embellis-
  semens qui s'y voient ; ce lieu , connu aujourd'hui sons le nom du CHATEAU 3 E IVEOVIÎ.LE , a été
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  érigé en marquisat.