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toutes ses inclinations parurent se tourner vers la piété et vers
l'étude. Après avoir fait avec succès ses humanités et sa rhéto-
rique à Lyon, dans le collège des Jésuites, il entra, âgé de
quinze ans, dans la société, et s'y distingua plus encore par
l'éaiinence de ses vertus que par la supériorité de ses talens.
Lorsqu'il eut employé un certain nombre d'années ou à l'instruc-
tion de la jeunesse , ou à ses propres études, le P. de la Co-
lombière fut destiné par les supérieurs à faire une troisième an-
née de noviciat, suivant l'usage ordinaire de la société. Ce fut
alors qu'il forma ces résolutions héroïques, dont l'exécution de-
vait le conduire à la plus éminente sainteté. Quelque gênantes,
quelque multipliées que fussent les obligations que la règle lui
imposait, il s'en prescrivit à lui même de nouvelles, et s'engagea
par un vœu à les remplir dans toute leur étendue.
     De la maison du second noviciat, le père de la Colom-
bièfe fut transféré à Paray-le-Monial pour y gouverner une
maison de la compagnie. Il vécut en apôtre dans ce nouveau
séjour et se consacra tout entier au salut des peuples. Tandis
qu'il travaillait ainsi à la gloire de Dieu, on demanda un jésuite
pour prêcher à la chapelle de sou altesse royale madame la du-
chesse d'Yorck, depuis reine de la Grande Bretagne, et le P.
La Chaize, confesseur du roi, fut chargé de nommer ce prédica-
teur ; comme il avait une haute idée des vertus du P. de la Co-
 lombière, il n'hésita point à le choisir. Le pieux Jésuite partit
 d'abord pour l'Angleterre. Quoiqu'il ne fût pas éloigné de la
maison paternelle, il ne voulut voir aucun de ses parens avant
de partir, ni leur faire part du choix qu'on avait fait de lui ; il
 n'en écrivit même à personne ; son extrême dévoûment et le
plaisir d'exécuter les ordres de la providence, furent tous les
 préparatifs de son voyage.
    Au milieu de ses fonctions apostoliques, après un séjour de
 deux ans à Londres, il fut soupçonné d'avoir pris part à des in-
trigues et mis en prison pendant un mois en haine de la religion
catholique ; sans les égards qu'on eut pour la duchesse qu'il ser-
vait, il eût éprouvé le même sort que cinq de ses frères, qui
furent condamnés à mort. Toute sa vie le P. de la Colombière
 regretta de n'avoir pas subi une pareille destinée. Un arrêt du